Le personnel de cabine d’Air Canada a obtenu une victoire majeure après une grève de trois jours. Un accord de principe prévoit désormais une rémunération pour le travail effectué avant le décollage, répondant à une demande historique. Cette avancée pourrait redéfinir les normes de l’industrie aérienne canadienne, marquant un tournant pour les conditions de travail.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- ✈️ Le personnel de cabine d’Air Canada sera désormais payé pour le temps de préparation avant le vol, une première.
- 💰 La rémunération débutera à 50% du taux horaire en année un, atteignant 70% en année quatre.
- 🇨🇦 Cette avancée pourrait inciter d’autres compagnies aériennes canadiennes, comme WestJet, à revoir leurs pratiques.
- 📉 Moody’s a révisé la perspective d’Air Canada, citant une augmentation des coûts salariaux qui pourrait affecter les marges.
Une percée historique pour le personnel de cabine
Air Canada et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente environ 10 500 agents de bord, ont conclu un accord de principe aux premières heures de mardi. Cette entente met fin à un conflit de travail de trois jours qui a perturbé les opérations de la compagnie, entraînant l’annulation de plus de 2 000 vols. La principale innovation de cet accord réside dans l’introduction d’une rémunération pour le travail effectué avant même le mouvement de l’avion.
Selon un responsable syndical, le personnel de bord recevra 60 minutes de rémunération pour les vols sur des avions à fuselage étroit et 70 minutes pour ceux sur des avions gros-porteurs. Cette paie débutera à 50% du taux horaire habituel des agents de bord la première année du contrat, pour atteindre 70% d’ici la quatrième année. Auparavant, la compagnie offrait seulement 45 minutes pour les monocouloirs et 60 minutes pour les gros-porteurs, toujours à 50% du taux horaire, démontrant une nette amélioration de l’offre initiale.
Les enjeux du conflit et le soutien public
Le conflit a attiré une large sympathie du public, le syndicat ayant mené une campagne vigoureuse pour dénoncer le travail non rémunéré. Des publicités télévisées aux piquets de grève, où les agents scandaient « Hey hey, Rousseau — unpaid work has got to go », faisant référence au chef de la direction Michael Rousseau, la question du travail pré-vol a été mise en lumière.
« Cette nouvelle disposition représente une avancée majeure pour le personnel de vol d’Air Canada, » a déclaré un représentant syndical sous couvert d’anonymat. « La campagne a permis de sensibiliser le public à une injustice que nous subissions depuis longtemps. »
Le gouvernement canadien avait d’ailleurs annoncé lundi son intention de lancer une enquête sur le travail non rémunéré dans l’industrie aérienne. Moins de 12 heures plus tard, l’accord entre Air Canada et le syndicat était conclu, soulignant la pression exercée par cette initiative gouvernementale.
Répercussions sur l’industrie et l’économie
Cet accord pourrait créer un précédent significatif pour l’ensemble du secteur aérien canadien. François Duflot, analyste chez Bloomberg Intelligence, a suggéré que cet accord pourrait « déclencher un mouvement similaire chez d’autres compagnies aériennes canadiennes. » L’entente avec le personnel de cabine de la compagnie rivale WestJet expire le 31 décembre, et Duflot s’attend à « des demandes similaires. »
Bien que Mark Nasr, le chef de l’exploitation d’Air Canada, ait qualifié l’accord de « chef de file de l’industrie » lors d’une entrevue avec la CBC, l’agence de notation Moody’s a ajusté ses perspectives. Moody’s a en effet abaissé sa perspective sur Air Canada de « positive » à « stable », expliquant que le nouvel accord « contribuera à augmenter les coûts salariaux de l’entreprise et sera un obstacle pour les marges. » La dette de la compagnie est notée Ba2.
« Il s’agit d’un accord qui va au-delà de la simple rémunération, » a précisé Duflot. « Il s’agit de la rémunération au sol, et cela va sans doute se propager. »
Un précédent nord-américain
Air Canada pourrait également être en phase avec une tendance observée chez d’autres transporteurs nord-américains. En 2022, Delta Air Lines Inc. a été la première compagnie aérienne américaine à rémunérer ses agents de bord pendant le temps d’embarquement. D’autres grandes compagnies américaines ont depuis négocié des contrats pluriannuels, intégrant des paiements similaires. United Airlines Holdings Inc. est toujours en négociation.
Selon François Duflot, les syndicats américains pourraient désormais se tourner vers l’exemple d’Air Canada pour leurs prochaines négociations. « Les syndicats examinent toujours ce qui se passe dans les pays voisins, » a-t-il ajouté, soulignant l’influence transfrontalière de telles avancées sociales.
