Après les attaques terroristes du 7 octobre 2023, la Dre Miri Bar-Halpern, instructrice en psychologie à la Harvard Medical School, a constaté une vague d’invalidation chez les Juifs. Elle met en lumière ce « traumatisme par invalidation », un concept décrivant la douleur accrue lorsque la souffrance est minimisée ou ignorée. Ses travaux récents expliquent cette réalité souvent négligée, apportant un éclairage essentiel.
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- L’invalidation traumatique est un concept clé. Elle décrit le fait de voir sa souffrance minimisée.
- Une étude de la Dre Bar-Halpern sur le sujet a connu un succès viral. Elle a été lue plus de 47 000 fois.
- Cette invalidation se manifeste par des agressions et le blâme. Des professionnels de la santé mentale en sont aussi victimes.
- Les conséquences incluent anxiété, dépression et un manque de confiance. Cela touche même les jeunes.
Le concept d’invalidation traumatique
La Dre Miri Bar-Halpern, psychologue clinicienne de la Harvard Medical School, a identifié une double peine. Après les attaques du 7 octobre, de nombreux Juifs ont subi une non-reconnaissance de leur douleur. Ce constat l’a conduite à appliquer le concept d’invalidation traumatique. Bien que connu, il n’avait jamais été spécifiquement lié à la communauté juive. C’est le cœur de sa recherche.
L’invalidation traumatique se caractérise par la négation de la souffrance. Cela inclut le fait de contrôler le récit ou d’ignorer les émotions. Son étude novatrice, parue dans le Journal of Human Behavior in the Social Environment, a connu un succès inédit. Avec plus de 47 000 lectures en deux mois, elle a clairement touché une corde sensible.
Des manifestations concrètes et douloureuses
Les témoignages recueillis révèlent l’étendue de cette invalidation. Des thérapeutes juifs ont été ciblés et moqués dans leurs milieux professionnels. Une patiente, dont un proche est otage, a vu les affiches déchirées. Elle a confié : « C’est comme si ma douleur n’avait aucune importance. » Ce « whataboutisme » minimise l’émotion. Le message est clair : « votre souffrance n’a pas d’importance ».
« C’est comme si ma douleur n’avait aucune importance, ils effacent mon deuil et nient ma réalité quotidienne. »
La minimisation des faits est un problème majeur. ONU Femmes, par exemple, a mis plus de 50 jours à réagir aux atrocités sexuelles du 7 octobre. Dans le milieu de la santé mentale, des experts en trauma ont transformé la douleur juive en débat politique. Des patients ont été questionnés sur le sort des Palestiniens après avoir partagé leur propre vécu. La Dre Bar-Halpern est aussi directrice chez Parents for Peace.
L’exclusion et le blâme dans les espaces sociaux
L’invalidation se manifeste par l’exclusion. Nombre de Juifs sont écartés d’événements sociaux ou universitaires, subissant des boycotts. Partager son angoisse peut entraîner un blâme direct. On leur fait entendre que leurs problèmes sont de leur faute. Cela mène à la déshumanisation. La Dre Bar-Halpern est sidérée par l’antisémitisme dans son propre domaine.
« Quand quelqu’un vous dit qu’il ne se sent pas en sécurité, la première chose à faire est de s’assurer qu’il se sente en sécurité. »
Une participante juive d’un groupe LGBTQ+ a cessé de se sentir en sécurité. L’animateur affichait des slogans politiques. Face à son malaise, il a répondu : « Débrouillez-vous ». Pour la psychologue, c’est une faute éthique. La validation n’est pas un accord. C’est reconnaître la douleur. Il s’agit de dire : « Je vous vois, je vous comprends, j’entends votre douleur. » Demander comment aider est crucial.
Conséquences à long terme et chemins vers la résilience
L’invalidation traumatique, particulièrement systématique, accroît la vulnérabilité des individus. Elle augmente le risque de stress post-traumatique, d’anxiété et de dépression. Cela altère la perception de soi et du monde, créant une insécurité constante. La Dre Bar-Halpern observe des jeunes patients refuser l’école ou cacher leur identité juive. Certains pratiquent l’automutilation. D’autres ne veulent plus être juifs, par manque de sécurité.
Les effets à long terme sont sévères, incluant des problèmes de santé mentale et une méfiance envers l’autorité. La Dre Bar-Halpern animera trois conférences à Toronto en septembre. Ces événements visent à outiller la communauté pour l’auto-validation. Ils aideront à gérer les pensées négatives et les symptômes. L’objectif est de passer de l’intervention à la prévention des traumas.
