Conrad Black affirme avoir intercédé auprès de Donald Trump en faveur du Canada, une démarche qu’il oppose à l’approche jugée hésitante du premier ministre. Cet article explore les points de friction dans la relation canado-américaine, ainsi que les défis majeurs auxquels le Canada fait face en matière de commerce, de défense et de politique étrangère, selon l’analyse de Black.
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- ➡️ Conrad Black a directement défendu les intérêts canadiens auprès de Donald Trump, soulignant l’absence de griefs commerciaux fondés.
- ➡️ Le Canada est critiqué pour son système de gestion de l’offre et l’inaction du premier ministre sur ce dossier.
- ➡️ L’engagement du Canada à consacrer 5 % de son PIB à la défense est salué, mais son coût, estimé à plus de 100 milliards de dollars, est une préoccupation majeure.
- ➡️ La politique du premier ministre sur les pipelines et sa position sur l’État palestinien sont considérées comme peu claires ou problématiques.
Conrad Black et la diplomatie canadienne
Conrad Black n’a pas caché sa déception face à la performance du premier ministre, Mark Carney, qui, selon lui, a tenté une parodie de Winston Churchill. Cette mise en scène, qualifiée de « farce insipide », visait à dénoncer les actions de l’ancien président américain Donald Trump. Black, pour sa part, affirme avoir eu l’opportunité de s’entretenir directement avec Trump, plaidant la cause du Canada. Il a insisté sur le fait que les États-Unis n’avaient pas de griefs légitimes contre le Canada, le décrivant comme un partenaire commercial équitable.
Black souligne que le Canada n’affiche pas de déficit commercial avec les États-Unis, surtout en excluant l’énergie. Une grande partie de l’énergie achetée par les Américains l’est à un prix avantageux, puis revendue à profit à des tiers. Cette perspective contraste fortement avec l’approche perçue du premier ministre, jugé « effacé » à Washington.
Les tensions commerciales : entre faits et perceptions
Les initiatives tarifaires du président Trump ont été perçues comme un succès retentissant. Elles s’appuyaient sur la conviction qu’un déficit commercial américain de plus de 1 000 milliards de dollars US (1 400 milliards de dollars CA) était inacceptable. Ce déficit était, selon lui, le fruit de pratiques commerciales indulgentes héritées de la Guerre Froide. Cependant, Black conteste l’application de cette logique au Canada.
Le système canadien de gestion de l’offre pour certains produits agricoles demeure un point de discorde. Black estime qu’une aide directe aux agriculteurs serait préférable à des tarifs qui surtaxent l’ensemble de la population. Bien que le premier ministre ait semblé vouloir aborder cette anomalie, aucune solution concrète n’a été apportée. L’article 34.6 de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) prévoit que l’accord est valide jusqu’en 2036, offrant du temps pour résoudre ces questions.
Conrad Black s’est également opposé à la comparaison entre le Canada et le Mexique, faite par Trump. Il a souligné que le Mexique est impliqué dans une quasi-invasion des États-Unis et attire la fabrication américaine avec de la main-d’œuvre bon marché. Trump aurait d’ailleurs reconnu la validité de cet argument.
« Il n’est pas impossible de traiter avec Donald Trump. Les Canadiens attendent de voir si leur dirigeant souhaite faire la paix ou la guerre — et si, dans ce cas, il est suffisamment compétent pour faire l’un ou l’autre. »
Le fardeau de la défense nationale
Le premier ministre, Mark Carney, a admirablement accepté de consacrer 5 % du PIB à la défense nationale. C’est un domaine qui a été scandaleusement négligé depuis le départ de l’ancien premier ministre Brian Mulroney, il y a plus de 30 ans. Black rappelle que la défense est la forme d’investissement public la plus productive économiquement. Elle soutient la fabrication de haute technologie et la recherche.
Cependant, 5 % du PIB canadien représente plus de 100 milliards de dollars. Cela pèse lourdement sur un pays déjà accablé par l’endettement et les impôts, et qui affiche un déficit fédéral annuel chronique.
Politiques énergétiques et défis diplomatiques
Le premier ministre entretient une relation « prudente » avec les projets de pipelines. Il tente de concilier l’impératif d’augmenter le revenu national du Canada en répondant à la demande mondiale en pétrole et en gaz, avec des années de positions « vertes » extrêmes. Des concepts comme le « pipeline carboneutre » ont été avancés, suscitant le scepticisme. Des décisions difficiles sont imminentes sur le plan budgétaire.
En matière de politique étrangère, la menace du premier ministre de reconnaître un État palestinien, dirigé par une Autorité palestinienne jugée « corrompue » et « inepte », est qualifiée de « non-sens honteux ». Cette autorité, sous la direction de Mahmoud Abbas, âgé de 89 ans, n’a pas tenu ses promesses des Accords d’Oslo de 1993. L’invasion du Hamas le 7 octobre 2023 fut un acte de guerre qu’Israël a largement remporté.
« Il ne peut y avoir de paix tant que les dirigeants arabes à Gaza et en Cisjordanie ne sont pas prêts à accepter le droit d’Israël d’exister en tant qu’État juif. »
Black critique l’alignement du premier ministre sur la France et le Royaume-Uni, dont la politique dans la région est jugée inefficace depuis la Déclaration Balfour de 1917. Le Canada, selon Black, est un trésor national avec une population talentueuse, mais ses institutions politiques nécessitent une rénovation. Le premier ministre, Mark Carney, a une grande opportunité et un immense défi devant lui, et le moment est venu de faire ses preuves.
