En Chine, un mouvement social prend de l’ampleur, transformant des espaces ruraux et urbains en havres de paix exclusivement féminins. Loin des pressions sociétales et des jugements masculins, ces communautés offrent aux femmes un lieu sûr où l’entraide et la liberté d’expression fleurissent, redéfinissant les modes de vie traditionnels.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🌸 Ces communautés 100% féminines en Chine offrent des espaces sécurisés loin des pressions sociales et des jugements.
- 🏡 Des lieux comme « L’Univers imaginaire de Keke » et « Son Espace » proposent des séjours et des adhésions, favorisant l’entraide et la discussion libre.
- 💸 Le modèle économique varie, de la contribution modeste à l’adhésion à vie, illustrant la diversité de ces initiatives.
- 💡 Ces sanctuaires répondent à un besoin de force mentale et de soutien, explorant même des options de colocation féminine à long terme.
Des refuges pour l’épanouissement féminin
L’idée de ces communautés est simple : offrir un environnement où les femmes peuvent s’exprimer pleinement sans contrainte. Que ce soit pour discuter de sujets intimes, forger de nouvelles amitiés ou simplement se sentir en sécurité, ces lieux répondent à un besoin croissant. Les participantes décrivent un sentiment de libération, loin de l’attention constante ou des attentes masculines.
Zhang Wenjing, 43 ans, témoigne de cette atmosphère unique :
« Un espace 100% féminin, c’est sécurisant. Entre femmes, on parle plus facilement de certaines choses, comme les relations amoureuses et leurs blessures. »
Une autre participante, Chen Fangyan, 28 ans, ajoute que « en présence d’un homme, on fait davantage attention » à son comportement. Cette observation souligne la valeur perçue de ces espaces non-mixtes.
L’émergence de modèles variés
Ces communautés prennent diverses formes, du gîte rural au club d’adhésion, chacune avec ses particularités. « L’Univers imaginaire de Keke », fondé par Chen Yani, 30 ans, en est un exemple frappant. Située à Lin’an, dans la province du Zhejiang, cette maison offre des séjours à 30 yuans (environ 5,76 dollars canadiens) par nuit les trois premiers jours, puis 80 yuans (environ 15,37 dollars canadiens) par la suite. Chen Yani a créé ce lieu après avoir subi du harcèlement professionnel, cherchant un espace sans appréhension.
Sur le réseau social Xiaohongshu, souvent appelé l’« Instagram chinois », Chen Yani a attiré douze femmes dès le Nouvel An chinois. Celles-ci cherchaient notamment à échapper aux questions intrusives de leurs parents, particulièrement la forte pression au mariage avant 30 ans en Chine.
Un autre modèle est « Son Espace », créé par Yang Yun, 46 ans, à Xiuxi, également dans le Zhejiang. Ce club propose une adhésion à vie de 3 980 yuans (environ 765 dollars canadiens). Avec 120 membres, il se veut un lieu de chaleur et de soutien. Lilith Jiang, 34 ans, a quant à elle fondé à Pékin « La moitié du ciel », une librairie-café non-mixte. Elle explique que les hommes ont de multiples occasions de socialiser, contrairement aux femmes.
Au-delà de l’hébergement: soutien et force mentale
Plus qu’un simple hébergement, ces lieux sont des catalyseurs de solidarité féminine. Ils répondent aux multiples responsabilités pesant sur les femmes chinoises, souvent en charge des grands-parents, des enfants et du ménage, en plus de leurs obligations professionnelles. Chen Yani insiste sur la nécessité pour les femmes d’avoir « un endroit où elles ne sont pas obligées de jouer un rôle. »
Yang Yun, fondatrice de « Son Espace », confirme cette mission de renforcement :
« Si elle perd son emploi, ses parents, se dispute avec son mari, est épuisée par la vie urbaine, elle sait qu’elle peut venir trouver un peu de chaleur. Cela leur donne une force mentale. »
Ces espaces visent à offrir un refuge et une résilience face aux défis de la vie moderne. Les femmes y trouvent un soutien émotionnel précieux et un sentiment d’appartenance.
Une réponse aux dynamiques sociales chinoises
Le développement de ces communautés est lié à l’indépendance économique croissante des femmes et à leur niveau d’études plus élevé. Elles ont aujourd’hui davantage de choix de vie. Bien que certains accusent ces espaces de nourrir l’antagonisme entre sexes, Chen Yani réfute cette idée. Elle estime que les femmes constituent un groupe social partageant des trajectoires et des problèmes similaires, ce qui facilite la compréhension et l’empathie mutuelle.
Bien que le modèle économique de certains lieux ne soit pas toujours viable à long terme, la demande persiste. Face aux pressions sociétales, notamment celle de se marier, Lilith Jiang suggère des « colocations 100% féminines sur le long terme » comme solution alternative pour vieillir entre femmes, créant ainsi de nouvelles manières de vivre et de vieillir ensemble.
