Le marché mondial des faux médicaments représente une menace grandissante pour la santé publique. Exacerbé par la vente en ligne illégale, ce fléau transcende les frontières et touche toutes les thérapies. Comprendre cette problématique est essentiel pour les citoyens canadiens et au-delà, face à un danger souvent insoupçonné.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 💊 Les faux médicaments sont des produits dont l’identité ou la composition est trompeuse, souvent sans principe actif ou avec de mauvais dosages.
- 🚨 Ils représentent un danger majeur pour la santé, pouvant causer des intoxications, des inefficacités ou favoriser la pharmacorésistance.
- 💰 Le trafic de ces produits est un fléau mondial très lucratif, parfois plus rentable que le trafic de drogues.
- 📈 Les criminels ciblent les traitements en forte demande, comme ceux contre la dysfonction érectile ou plus récemment les médicaments antidiabétiques et anti-obésité.
Définir l’ennemi : qu’est-ce qu’un faux médicament ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit un médicament falsifié comme un produit dont l’identité, la composition ou la source est délibérément représentée de manière trompeuse. Ces produits peuvent contenir le bon ingrédient actif, mais dans un dosage incorrect. Ils peuvent aussi ne contenir aucune substance active ou, pire, des composants totalement différents ou des excipients inadaptés.
Un médicament authentique, une fois sorti du circuit officiel, devient aussi un produit illicite. Le syndicat des entreprises du médicament en France (Leem) insiste : dès lors qu’il est commandé sur un site illégal, il est considéré comme falsifié et détourné. Cela inclut également les médicaments périmés reconditionnés ou ceux sortis illégalement de la chaîne de distribution via de fausses ordonnances.
La société moderne contribue à la diffusion de ces produits. Le laboratoire français Servier note l’émergence d’une culture de l’automédication et de l’autodiagnostic. Ces pratiques sont particulièrement visibles dans les pays où l’accès aux consultations médicales officielles est devenu trop complexe ou contraignant.
Les dangers insoupçonnés pour la santé publique
Les médicaments falsifiés posent une menace considérable à la santé publique à l’échelle mondiale. Leur dangerosité peut être directe, notamment s’ils contiennent des contaminants ou des substances toxiques. Leurs risques sont parfois indirects, comme dans le cas des antimicrobiens, qui augmentent le risque de pharmacorésistance. Au mieux, ces produits s’avèrent simplement inefficaces.
« Il y a de toute manière systématiquement un enjeu de santé publique majeur, avec des risques plus ou moins graves, mais les gens n’en ont pas conscience », souligne le Leem. Cette méconnaissance aggrave la situation.
En 2022 et 2023, plus de 300 enfants ont perdu la vie en Gambie, en Ouzbékistan et en Indonésie. Ils avaient consommé des sirops pédiatriques contre la toux frelatés avec de l’antigel, mis en vente libre. Ces tragiques événements ont suscité une vive réaction et des alertes de l’OMS.
Un trafic mondial plus rentable que la drogue
« Aucune région du monde n’est épargnée, ni aucun domaine thérapeutique », résume Meriem Bourahla-Loudiyi. Elle dirige le groupe anticontrefaçon à la Fédération européenne des industries pharmaceutiques (Efpia). Ce trafic, grandement facilité par l’explosion du commerce électronique et la multiplication des sites non réglementés, est jugé nettement plus rentable que le trafic de drogue traditionnel.
L’opération « Pangea XVII », pilotée par Interpol, a permis des saisies importantes. Entre décembre 2024 et mai 2025, elle a intercepté 50,4 millions de doses de produits pharmaceutiques illicites. La valeur de ces saisies s’élève à 56 millions d’euros. Menée dans 90 pays, cette opération a conduit à l’arrestation de près de 800 personnes. Interpol a noté une demande croissante pour les médicaments contre le diabète.
Les sanctions pénales demeurent globalement moins sévères que celles associées au trafic de drogues. Cette disparité réglementaire rend le commerce illicite de médicaments encore plus attrayant pour les réseaux criminels.
Les cibles privilégiées des trafiquants
Pendant de nombreuses années, les traitements contre la dysfonction érectile, comme le Viagra, étaient particulièrement visés par le trafic illicite. Les criminels pharmaceutiques s’adaptent constamment à la demande du marché noir. Ils ciblent désormais des produits à forte valeur ajoutée, allant des thérapies contre le cancer aux anxiolytiques, en passant par les traitements des maladies chroniques.
Depuis 2023, les médicaments traitant les troubles du métabolisme sont devenus des cibles majeures. Cela inclut les antidiabétiques et les traitements anti-obésité. Ils rejoignent ainsi les catégories des systèmes génito-urinaire et nerveux central, les plus touchées par la contrefaçon. À l’été 2024, l’OMS a alerté sur des lots falsifiés de médicaments à base de sémaglutide. Ces produits sont utilisés pour le diabète de type 2 et l’obésité, incluant l’Ozempic et le Wegovy, détectés dans plusieurs pays.
