Le Québec inc. a récemment perdu l’une de ses figures les plus discrètes, mais ô combien influentes. François Marcil, fondateur des réputés Centres de rénovation Marcil, s’est éteint la semaine dernière. Son parcours, bâti sur l’instinct et la persévérance, laisse une empreinte durable.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 💡 François Marcil a bâti un empire de quincailleries, les Centres de rénovation Marcil, à partir de peu.
- 💡 Son réseau de 17 magasins a atteint 235 millions de chiffre d’affaires avant d’être vendu à RONA.
- 💡 Après la vente, il s’est tourné vers des projets immobiliers audacieux, notamment en Floride.
- 💡 Il a créé un magnifique jardin public à Saint-Sauveur, soutenant la Société Alzheimer.
Un empire bâti avec flair et rigueur
Né d’une famille agricole à Sainte-Clotilde-de-Châteauguay, François Marcil a débuté modestement. Il a repris la quincaillerie de son grand-père, posant les bases de son succès. Sans plan d’affaires formel, ni même un MBA, son flair était son guide. Il relançait des commerces en déroute avec une patience d’orfèvre.
Son travail acharné a porté ses fruits. Il a bâti un réseau impressionnant de 17 quincailleries. Cet empire générait 235 millions de dollars en chiffre d’affaires. Marcil a finalement vendu son entreprise à RONA en deux transactions. Ces ventes se sont faites en 2005 et 2014.
Le nom Marcil a disparu en 2018 sous l’égide américaine. Pour lui, la disparition de la marque importait peu. Il ne construisait pas un nom, mais des projets concrets. Sa vision était de bâtir du tangible, laissant un héritage différent.
« Quand tout le monde annonce la récession, c’est souvent qu’elle ne viendra pas. L’économie ne suit jamais le bruit. Les vraies secousses arrivent en silence. »
La sagesse d’un visionnaire discret
François Marcil était un homme de peu de mots, mais de grande sagesse. Sa compréhension de l’économie était intuitive, loin des théories académiques. Il lisait le marché en sentant les tendances profondes, non dans les livres. Sa vision était souvent contraire aux idées reçues. Ce trait le rendait unique dans le monde des affaires.
Malgré sa discrétion, il a toujours fait preuve de grande ouverture. Ses entretiens, souvent réalisés à Saint-Sauveur ou en Floride, étaient des moments privilégiés. Il y partageait ses passions, ses projets, et même son cœur. Ces échanges ont marqué ceux qui l’ont côtoyé.
Peu avant son décès, il a envoyé un message poignant à un journaliste. « Je garde de bons souvenirs de toi et te remercie de tes beaux reportages. » C’était un adieu empreint de délicatesse. Il évoquait les moments passés à discuter de ses projets et de ses jardins.
Des projets audacieux, de la quincaillerie à l’immobilier
Après la vente de ses quincailleries, François Marcil s’est lancé dans l’immobilier. Il a développé des projets à Saint-Sauveur et aux îles Turquoises. Mais c’est en Floride, à Ocean Ridge, qu’il a réalisé son projet le plus audacieux. En mars 2020, il y avait transformé un vieux motel.
Le site est devenu deux maisons de rêve, conçues comme un bunker. Leurs fondations étaient coulées à 40 pieds de profondeur. Les murs en béton et les fenêtres anti-ouragan assuraient une solidité inégalée. C’était le rêve d’un homme qui voyait toujours plus grand, même en construction.
Cependant, le climat a changé. En mars dernier, il a confié son amertume. La guerre commerciale rendait les Québécois et Canadiens moins bienvenus en Floride. Il avait mis tous ses projets à Ocean Ridge en vente. Malgré la maladie, il restait fier et droit.
« Ce que je préfère, c’est toujours la dernière chose que j’ai faite. »
L’héritage d’un jardin pour la communauté
Le jardin de François Marcil à Saint-Sauveur est un chef-d’œuvre. C’est un immense domaine fleuri, parsemé de sculptures et de sentiers. Ce lieu est ouvert au public, soutenant ainsi la Société Alzheimer. Il l’a bâti sur une période de trente ans, sans plan initial.
Tout a commencé lors d’un voyage dans le Maine. Un coup de foudre pour des roses l’a inspiré. Il en planta une centaine, et le jardin s’agrandit naturellement. Cette croissance organique reflète celle de son entreprise, et même celle de sa vie. Le jardin est un lieu aussi vivant que l’homme lui-même.
François Marcil avançait sans regarder en arrière, sans nostalgie. Il était toujours tourné vers l’avenir, même lorsque le temps se faisait court. Son œuvre et sa philosophie continueront d’inspirer, bien au-delà de sa disparition.
