Le Commissaire aux élections fédérales du Canada envisage sérieusement d’intégrer l’intelligence artificielle (IA) dans ses opérations futures. Cette démarche stratégique vise principalement à renforcer l’intégrité des processus électoraux, menacée par la montée de la désinformation générée par l’IA. L’objectif est d’adapter ses méthodes face aux défis technologiques actuels.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🤖 Le Commissaire aux élections fédérales explore l’IA pour contrer la désinformation.
- ⏳ L’adoption de l’IA en est à ses premières étapes, sans outils ni calendriers précis.
- 💡 L’IA pourrait améliorer l’efficacité administrative, notamment pour les demandes d’accès à l’information.
- ⚖️ Des défis juridiques importants, comme la vie privée et le droit d’auteur, doivent être résolus.
L’IA pour contrer la désinformation électorale
Le Bureau du Commissaire aux élections fédérales du Canada (BCEFC) a révélé dans son rapport annuel son intention d’« explorer l’utilisation » de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes. Cette exploration façonnera l’approche de l’organisme pour l’année à venir. Cette initiative intervient alors que l’intégrité électorale est mise à mal par la désinformation alimentée par l’IA.
Le bureau de la Commissaire Caroline Simard n’a pas encore détaillé les modalités d’adoption de l’IA. Cependant, le BCEFC prévoit d’utiliser des fonds annoncés en janvier 2025 pour acquérir les outils nécessaires. Ces outils permettront de répondre aux « défis de l’environnement électoral actuel », incluant la dotation de rôles. Cela reflète des efforts de modernisation continus.
Un porte-parole du BCEFC a précisé que l’adoption de l’IA en est « encore à ses premières étapes ». Il n’y a « pas d’outils ou d’échéanciers spécifiques » prévus à ce stade, a-t-il ajouté.
Le Commissaire est un officier indépendant qui veille au respect de la Loi électorale du Canada. Il assure aussi le respect de la Loi référendaire par le gouvernement et les partis politiques. Cela inclut des aspects clés comme le financement, les nominations ou la publicité. Plus récemment, le BCEFC s’est attaqué aux problèmes croissants liés à l’IA. Il s’agit notamment de la désinformation électorale facilitée par les robots et les images générées par l’IA.
Des opportunités multiples pour l’efficacité opérationnelle
L’ouverture du Commissaire à l’IA pourrait s’avérer cruciale. Le professeur associé en études des communications à l’Université Concordia, Fenwick McKelvey, voit de nombreuses opportunités. Il pense que l’IA pourrait être utile au BCEFC, surtout pour le traitement des demandes d’accès à l’information et de protection des renseignements personnels (AIPRP).
Optimisation des demandes d’accès à l’information
Les grands modèles linguistiques (LLM) pourraient offrir des réponses « plus lisibles » et aider le gouvernement. Ils permettraient de « suivre le rythme » des requêtes AIPRP. Des efforts sont déjà en cours pour développer des LLM à cette fin. La société de développement d’IA Cohere a récemment exposé sa vision. Elle souhaite déployer l’IA pour traiter les demandes AIPRP.
Selon Cohere, les outils d’IA peuvent gérer ces demandes « répétitives et basées sur des règles » beaucoup plus rapidement que les humains. Ils peuvent aussi récupérer et caviarder des documents à travers divers systèmes.
Naviguer un paysage médiatique complexe
L’IA pourrait également aider le Commissaire à naviguer dans un « paysage opaque » pour les élections. Le contenu généré par l’IA, modéré par les plateformes de médias sociaux, pose un problème croissant. Le BCEFC considérait déjà cela comme un enjeu pour l’élection fédérale de 2025. Un mémo interne avertissait de plaintes probables concernant les hypertruquages (deepfakes).
Les défis juridiques et réglementaires de l’intelligence artificielle
L’adoption de l’IA par le BCEFC présente des défis potentiels. La légalité de l’IA n’est pas encore établie au Canada, notamment en matière de vie privée et de droit d’auteur. Le BCEFC et la GRC ont sévi contre la collecte de données de Clearview AI. Ils craignaient que sa collecte massive d’images ne viole la vie privée des Canadiens.
De grandes organisations de presse canadiennes ont poursuivi OpenAI en novembre dernier. Elles accusaient l’entreprise d’avoir entraîné son modèle linguistique sur du contenu protégé par droit d’auteur sans permission. En février, des éditeurs de presse ont aussi poursuivi Cohere pour les mêmes raisons. Des leaders de l’industrie, dont Yoshua Bengio, cofondateur de LawZero, militent pour des lois contre les hypertruquages.
Un rôle distinct dans la lutte contre les mauvais acteurs
Le Commissaire bénéficie d’un mandat « de niche » qui réduit son champ d’action. Cependant, le bureau doit avoir la capacité de résoudre les problèmes. Il pourrait même être « entravé » par les grands fournisseurs technologiques. Ces derniers étendent rapidement leurs capacités de génération de médias par l’IA.
Le professeur Fenwick McKelvey estime que nous ne verrons pas d’utilisation significative de l’IA par Élections Canada. La technologie ne devrait pas être « près du vote », a-t-il argumenté. Il a toutefois souligné qu’il n’était pas trop tôt pour le Commissaire d’adopter l’IA. Il doit en effet combattre rapidement les mauvais acteurs. « Il y a déjà une course aux armements [IA] », a conclu M. McKelvey.
