Au Québec, les tribunaux font face à une explosion des dossiers liés aux armes à feu depuis cinq ans. Cette hausse marque une préoccupation croissante pour les autorités. Elle reflète des changements profonds dans le paysage de la criminalité organisée.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🔫 Les dossiers d’armes à feu ont augmenté de 30 % au Québec en cinq ans.
- 🤝 Le conflit entre groupes criminels est la principale cause de cette hausse.
- 🚨 La possession illégale d’armes connaît l’augmentation la plus marquée.
- 🚔 Des opérations policières ciblées ont permis des saisies importantes.
Une hausse alarmante des dossiers judiciaires
Le nombre de dossiers criminels impliquant des armes à feu a bondi dans les palais de justice québécois. Une augmentation d’au moins 30 % a été observée à l’échelle provinciale sur cinq ans. Cependant, certaines régions affichent des hausses bien plus spectaculaires.
Le Lac-Saint-Jean, Québec, la Côte-Nord et la Gaspésie sont particulièrement touchés. Dans le district de Roberval, le nombre de dossiers est passé de 26 en 2019 à 69 en 2024. Cela représente une augmentation impressionnante de 165 %. À Québec, la hausse atteint 104 % sur la même période. Les procureurs du DPCP confirment une charge de travail considérablement accrue. « C’est pratiquement sur une base hebdomadaire qu’on reçoit des dossiers, notamment pour des armes à feu chargées prohibées », a déclaré Me Matthieu Rochette, procureur à Québec.
Le conflit entre groupes criminels en toile de fond
Cette recrudescence est principalement liée au conflit entre groupes criminels organisés. Des factions comme le Blood Family Mafia (BFM) et les Hells Angels se disputent le contrôle du marché des stupéfiants. Cette « guerre des redevances », particulièrement vive à Québec, entraîne une circulation accrue d’armes.
La Sûreté du Québec (SQ) attribue également une partie de cette augmentation aux efforts accrus des équipes spécialisées. Le porte-parole de la SQ, Benoit Richard, cite l’exemple de l’opération Scandaleux à Québec. Le déploiement de ressources importantes mène inévitablement à plus d’accusations. « C’est évident, à mon avis, qu’il y a un lien à faire entre cette recrudescence-là et ce qu’on vit dans la région », a affirmé Me Rochette.
« Notre charge de travail a nettement augmenté dans la dernière année et demie. Quand je suis arrivée ici il y a trois ans, ce n’est pas vraiment ce qu’on avait. On a une augmentation assez flagrante. »
— Me Chelsea Drouin, procureure pour le DPCP à Sept-Îles
La possession d’armes, une préoccupation majeure
Parmi toutes les infractions, celles liées à la possession d’armes à feu montrent la plus forte augmentation. À Québec, la moyenne annuelle des mises en accusation pour ces délits est passée de 150 dossiers (2019-2022) à 276 en 2023. À Roberval, la progression atteint 210 % entre 2019 et 2024. Cette omniprésence des armes a aussi un impact direct sur le travail des policiers. L’ancien enquêteur Roger Ferland souligne cette réalité.
« À la fin de la guerre des motards, des armes à feu, il n’y en avait presque plus dans la région de Québec, raconte M. Ferland. Là, à toutes les perquisitions ou presque, il y a des armes à feu ou de fausses armes. » Le SPVQ s’est également dit préoccupé par l’augmentation du nombre de jeunes arrêtés en possession d’une arme de poing.
« Tu ne peux plus intercepter un véhicule avec les mains dans les poches. Tu dois toujours être vigilant parce que tu ne sais pas sur qui tu vas tomber. »
— Roger Ferland, ex-enquêteur
Des cas concrets illustrent la violence accrue
La multiplication des dossiers est malheureusement souvent liée à des faits divers violents et des opérations policières majeures.
Erreur fatale à Saguenay
En avril 2024, un commando possiblement lié au Blood Family Mafia s’est trompé d’adresse à Saguenay. Ils ont tiré à travers la fenêtre d’un appartement, blessant gravement un sexagénaire innocent. L’homme a miraculeusement survécu. Cinq individus ont été arrêtés six mois plus tard pour cette agression.
Opérations musclées sur la Côte-Nord
En réponse à une recrudescence de la violence armée, la Sûreté du Québec a mené plusieurs perquisitions sur la Côte-Nord début 2024. Ces opérations ont permis de retirer une trentaine d’armes à feu de la circulation. Elles ont aussi mené à 35 arrestations lors de 21 perquisitions. De grandes quantités de drogues ont également été saisies.
Saisies importantes au Saguenay et à Québec
Les policiers ont saisi 13 armes longues et une arme de poing en une seule journée au Saguenay en mai. Cette opération visait un groupe criminel lié à All Boivin. À Québec, un jeune homme de 19 ans sans antécédents, Samuel Bernard, a été épinglé avec deux fusils-mitrailleurs en janvier. Un pistolet 9 mm a aussi été saisi.
Incidents à Lévis : la mauvaise adresse
Récemment à Lévis, trois individus de Montréal ont été arrêtés avec un pistolet 9 mm chargé. Ils se dirigeaient vers une mauvaise adresse, celle de l’ancien domicile d’une cible liée au Blood Family Mafia. Une famille innocente habitait maintenant la maison. C’était la troisième visite de membres de gangs en trois mois, poussant la famille à déménager.
