Le cofondateur et PDG de Gildan, Glenn Chamandy, est sous les projecteurs. Il doit cesser la construction non autorisée d’un terrain de golf sur sa propriété d’Austin. La Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) a émis une ordonnance ferme. Cette situation soulève des questions importantes sur le respect des lois environnementales.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- ⚡ Le PDG de Gildan, Glenn Chamandy, fait face à une ordonnance de la CPTAQ pour des travaux non autorisés.
- ⚡ La CPTAQ exige l’arrêt immédiat de la construction d’un terrain de golf illégal sur sa propriété privée.
- ⚡ Le Memphrémagog Conservation inc. (MCI) exprime une forte colère face aux dommages écologiques.
- ⚡ M. Chamandy conteste l’ordonnance de la CPTAQ mais affirme avoir suspendu les travaux dans une «zone verte».
L’ordonnance de la CPTAQ et ses implications
La Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) a ordonné à Glenn Chamandy et à sa conjointe, Amel Murad, de stopper des travaux majeurs. Ces aménagements illégaux visent un terrain de golf sur leur propriété près du Lac Memphrémagog. L’infraction est claire: les travaux contreviennent à la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. La Commission menace de porter l’affaire devant la Cour supérieure si l’ordre n’est pas respecté. Dans ce cas, les propriétaires devront restaurer les lieux à leurs propres frais.
Au printemps, la CPTAQ a constaté des travaux s’étendant sur 4,5 hectares. Des érables ont été coupés dans une érablière protégée par la loi. Une coupe à blanc a aussi été effectuée sur près d’un hectare. La mairesse d’Austin, Lisette Maillé, a admis que ces travaux ne ressemblaient pas à l’aménagement d’un verger ou d’un vignoble, comme la municipalité s’y attendait.
Un projet déguisé en pleine zone protégée
L’ordonnance de la CPTAQ, signée par la commissaire Ève-Andrée Charest en juillet, est sans équivoque. Elle indique que la nature des travaux effectuée, y compris la pose de tourbe, des éléments s’apparentant à des trappes de sable et un muret de pierre, correspond à un aménagement de terrain de golf. Ces éléments sont des preuves concrètes du projet.
Le Memphrémagog Conservation inc. (MCI) a obtenu des images aériennes confirmant une allée de golf, des trappes de sable et un lac artificiel. Des représentants de l’organisme ont observé sur place des machineries, des amoncellements de terre et de sable, des «drapeaux de golf» et des équipements d’éclairage pour le travail de nuit. Johanne Lavoie, présidente du MCI, s’inquiète :
«Nous sommes vraiment en colère. Nous avons affaire à des gens fortunés qui se comportent comme si le territoire qu’ils occupaient n’avait aucune valeur écologique. Ils ont beaucoup de moyens, mais personne n’est au-dessus des lois. Nous réclamons une peine exemplaire.»
Des enjeux environnementaux et juridiques majeurs
Les enjeux dépassent la seule propriété. Le Lac Memphrémagog est la principale source d’eau potable pour 185 000 résidents de Magog, Potton et Sherbrooke. Le saccage potentiel de cet écosystème préoccupe grandement les défenseurs de l’environnement.
Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, n’était pas disponible pour commenter. Cependant, son cabinet a confirmé que le ministère analysait le dossier. Des interventions ou sanctions pourraient s’appliquer si des manquements sont constatés. Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, n’a pas voulu se prononcer, rappelant l’indépendance de la CPTAQ.
Pour l’heure, la CPTAQ exige la cessation immédiate de toute activité non agricole. Elle demande aussi la remise en état des lieux dans un délai de 6 à 9 mois. Le reboisement des érablières et le retrait des matériaux non agricoles sont également requis.
Le couple Chamandy-Murad a choisi de contester cette ordonnance devant le Tribunal administratif du Québec. En attendant, le MCI exhorte les autorités à imposer une peine exemplaire aux propriétaires, à la hauteur de la gravité des gestes et de leurs moyens financiers.
La réponse du PDG et le contexte de l’acquisition
Glenn Chamandy a fait parvenir une déclaration écrite. Il explique prendre acte des «préoccupations soulevées». Il affirme avoir «à cœur de faire les choses correctement et de manière durable». M. Chamandy travaille à formuler des recommandations pour la CPTAQ. Il a aussi suspendu les travaux se trouvant dans la «zone verte».
M. Chamandy et sa conjointe ont acquis cette résidence de campagne à l’automne 2020. Le coût de la transaction s’est élevé à 13,75 millions de dollars. Un droit de mutation de plus de 401 000 dollars s’y est ajouté. La propriété est voisine de l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac.
Outre ses responsabilités chez Gildan, M. Chamandy est le principal actionnaire du club de golf et complexe immobilier Apes Hill Barbados. En 2021, il a investi 33 millions de dollars pour moderniser ce parcours.
