Le « maple washing », cette pratique trompeuse où des entreprises utilisent le symbole canadien pour vendre des produits étrangers, atteint de nouveaux sommets. La célèbre marque de soupes Campbell’s est maintenant sous les projecteurs. Elle est accusée de cette stratégie commerciale, visant à maximiser ses profits au détriment de l’information transparente aux consommateurs.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🍁 Campbell’s est pointée du doigt pour avoir utilisé la mention « Conçu au Canada » sur des soupes étrangères.
- 🚨 Cette pratique, appelée « maple washing », induit les consommateurs en erreur.
- 💰 Les entreprises profitent de la volonté des acheteurs de payer plus pour des produits locaux.
- 🔍 L’ACIA n’enquête que sur les plaintes, laissant la charge de la surveillance aux citoyens.
Le « maple washing » : une pratique dénoncée
L’affaire a éclaté sur LinkedIn suite à la découverte d’un Ontarien. Gary Kane, un consultant de 62 ans, a partagé son indignation. Il a trouvé la mention « Conçu au Canada » sur une conserve de soupe Chunky. Cette pratique lui paraît particulièrement ironique. Campbell’s a fermé sa dernière usine canadienne à Toronto en 2018. Cela a entraîné la perte de 380 emplois.
Monsieur Kane avoue avoir été lui-même trompé par le passé. Il achetait souvent des soupes Habitant, croyant qu’elles étaient entièrement canadiennes. Il souligne que cette situation est « stupide » et que le public mérite de savoir la vérité.
« Conçu au Canada » : une désignation trompeuse
Campbell’s a confirmé avoir ajouté l’image « Conçu au Canada » après 2018. James F. Regan, leur porte-parole, admet que « plusieurs entreprises » ont adopté cette approche. Il reconnaît ainsi la popularité de cette tactique. En 2024, cette mention commence à disparaître. Seules les marques Chunky et Habitant l’affichent encore, selon Campbell’s.
L’économiste et agronome Pascal Thériault de l’Université McGill n’est pas convaincu. Il qualifie cette étiquette de « maple washing évident ». Il insiste sur le fait que « Conçu au Canada » n’est pas une désignation officielle. Il rappelle que la marque Habitant, d’origine québécoise, a près de 100 ans d’histoire. Pour une véritable provenance locale, il conseille de chercher le logo Aliments du Québec.
« Si vous voulez être encore plus certain, cherchez le logo Aliments du Québec, leur cahier de charge est très strict. »
– Pascal Thériault, économiste et agronome de l’Université McGill
Le gouvernement fédéral encadre deux appellations strictes. Le terme « Fabriqué au Canada » exige une transformation significative ici. Il demande aussi au moins 51 % de valeur ajoutée canadienne. L’appellation « Produit du Canada » est encore plus rigoureuse. Elle impose que 98 % des ingrédients soient canadiens. Les mentions comme « Conçu au Canada » ou des logos avec la feuille d’érable relèvent de l’auto-déclaration. Elles n’ont pas de contrôle strict.
Pourquoi les entreprises s’y adonnent-elles ?
La raison principale derrière le « maple washing » est financière. Les consommateurs sont prêts à payer davantage pour des produits locaux. Un sondage de la Banque du Canada de juillet indique une volonté de payer jusqu’à 10 % de plus. Cette prime n’est accordée que s’il existe des alternatives locales à prix équivalents. Si ce n’est pas le cas, les consommateurs n’hésiteront pas à acheter des produits américains.
Les exemples de cette pratique se multiplient. Walmart a vendu des raisins « Produit du Canada » en août. Ces raisins coûtaient 7,97 $, alors que les raisins mexicains étaient à 3,97 $. Or, les raisins ne poussent pas au Canada en août. Une enquête de CBC a révélé des incohérences chez IGA, Metro et Provigo. On a trouvé des bleuets étiquetés « Produit du Canada » mais emballés comme « Produit des États-Unis ». Des amandes avec des feuilles d’érable figuraient aussi, alors qu’elles ne peuvent pas être cultivées ici.
« Ils sont là pour faire de l’argent. »
– Pascal Thériault, spécialiste en économie alimentaire
L’ACIA : une approche réactive
L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) est responsable de l’étiquetage. Cependant, elle n’agit que sur réception de plaintes. L’ACIA ne mène pas d’inspections proactives. Un porte-parole de l’organisme fédéral a déclaré que l’agence ne peut pas se prononcer sur un produit sans plainte préalable. Cette approche place la responsabilité sur les épaules des consommateurs.
Depuis novembre 2024, l’ACIA a traité 91 dossiers. Elle a découvert 29 violations aux règles d’étiquetage. L’agence assure que chaque problème a été corrigé. Les règles d’Ottawa exigent des étiquettes non trompeuses. L’indication du pays d’origine est obligatoire pour les fruits et légumes frais importés. Les citoyens sont encouragés à signaler les étiquettes douteuses via le site web ou par téléphone.
