John Robson, chroniqueur bien connu, questionne la volonté des Canadiens de défendre leur propre pays. Une récente étude Angus Reid révèle des priorités surprenantes. Nos concitoyens semblent plus enclins à demander un service obligatoire pour la santé ou l’environnement qu’à soutenir la défense nationale. Cette divergence soulève des interrogations sur nos valeurs profondes.
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- ➡️ Une majorité de Canadiens souhaite un service obligatoire pour les jeunes, mais principalement pour le système de santé ou l’environnement.
- ➡️ Seule une minorité supporte ce même service pour la défense nationale.
- ➡️ Cette tendance révèle une préférence pour le confort immédiat au détriment de la sécurité collective.
- ➡️ Selon John Stuart Mill, l’indifférence morale face à la guerre juste est bien pire que la guerre elle-même.
Des priorités surprenantes
Un sondage Angus Reid, rapporté par le National Post, met en lumière une tendance frappante. Une forte majorité de Canadiens appuierait un service obligatoire pour les jeunes. L’objectif visé n’est toutefois pas la protection du pays. La plupart des répondants préfèrent que ce service renforce nos systèmes sociaux. Ce constat est paradoxal.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Environ 74 % des sondés veulent que les jeunes consacrent une année au système de santé. Le soutien à l’environnement atteint 73 %. Les « services à la jeunesse » reçoivent 72 % d’approbation et la « protection civile » 70 %. Cependant, lorsqu’il s’agit de la défense nationale, le soutien chute à seulement 43 %. Pas moins de 44 % s’y opposent clairement. Ces données suggèrent un désintérêt marqué pour la sécurité militaire.
Le dilemme de la sécurité nationale
Ignorer la défense tout en se concentrant sur le confort n’est pas sans risque. L’histoire offre des leçons pertinentes. En 1940, le système social néerlandais était excellent. Cela n’a pas empêché les Nazis d’envahir le pays. Cette analogie souligne l’importance des priorités nationales. La défense est un devoir fondamental.
Un concept économique pertinent ici est le problème du « passager clandestin ». Chacun bénéficie de la sécurité collective. Pourtant, beaucoup préféreraient que quelqu’un d’autre sacrifie sa vie. Ils peuvent ainsi jouir de leur liberté tranquillement à la maison. Cette approche est à la fois moralement discutable et peu digne.
Le philosophe John Stuart Mill a jadis formulé une idée puissante sur la guerre et la morale. Il affirmait que l’absence de volonté de défendre ses valeurs est pire que la guerre. Mill n’était pas un va-t-en-guerre. Il condamnait l’usage des êtres humains comme de simples outils de guerre. Toutefois, il reconnaissait la nécessité de certaines luttes. Il voyait la guerre juste comme un moyen de régénération pour un peuple.
« La guerre est une chose laide, mais pas la plus laide des choses : l’état de sentiment moral et patriotique déchu et dégradé qui pense que rien ne vaut une guerre est bien pire. »
La vision de mill et la réalité canadienne
Mill distinguait les guerres oppressives, comme l’invasion de l’Ukraine par le président Vladimir Poutine. Il condamnait aussi l’attaque du Hamas contre Israël. Il valorisait les guerres menées pour protéger autrui de l’injustice. Une guerre décidée librement, pour une cause juste, peut régénérer une nation. Selon lui, celui qui ne veut pas se battre pour ses convictions est une « créature misérable ». Une telle personne ne peut être libre que par les efforts d’individus plus courageux. Ce point de vue résonne avec notre contexte actuel.
« Un homme qui n’a rien pour quoi il est prêt à se battre, rien qui lui importe plus que sa sécurité personnelle, est une créature misérable qui n’a aucune chance d’être libre, à moins d’être fait et maintenu ainsi par les efforts de meilleurs hommes que lui-même. »
Les sondages montrent que les Canadiens sont « satisfaits » de notre faible aide à l’Ukraine. Nos alliés, eux, ne partagent pas cet avis. De plus, certaines positions gouvernementales semblent dégrader le sentiment moral. Par exemple, des gestes envers des groupes controversés sont perçus comme des contradictions.
Un rôle militaire délaissé ?
Le sondage Angus Reid suggère une mentalité d’ayant droit. Nous voudrions « récupérer des choses » en conscrivant des jeunes. Ces jeunes peinent déjà à trouver un emploi. Nous cherchons des services de santé gratuits, quitte à exploiter la jeunesse. On espère qu’ils « répareront l’environnement ». Et qu’ils gèreront la « protection civile », car l’armée est déjà débordée. Le ministre de la Gestion des urgences a même déclaré que la lutte contre les incendies n’était pas la « responsabilité principale » des soldats. Cela révèle une confusion des rôles et des priorités.
En somme, nous sommes prompts à jouir des fruits du travail d’autrui. En revanche, assumer une responsabilité publique classique comme la défense, c’est une autre histoire. Comme le concluait John Stuart Mill, tant que la justice et l’injustice se confrontent, les humains doivent être prêts à se battre pour l’une contre l’autre. Autrement, ils ne font que profiter de la situation, laissant les autres peiner et souffrir.
