Le dek hockey, sport prisé par des dizaines de milliers de Québécois, séduit par son accessibilité et son caractère ludique. Derrière cette popularité se cache toutefois une sombre réalité. Le terrain de jeu se transforme parfois en véritable jungle, marquée par une alarmingue recrudescence de la violence.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 💥 Des centaines de suspensions pour des actes violents sont recensées chaque année au Québec.
- 💥 Des incidents graves, incluant des agressions ayant entraîné des blessures sérieuses, sont devenus courants.
- 💥 Un phénomène psychologique, surnommé la « quatrième dimension », explique la déconnexion de certains joueurs.
- 💥 Les associations sportives appellent à une prise de conscience collective pour enrayer cette violence.
Une popularité grandissante, une violence alarmante
Le dek hockey connaît une progression fulgurante au Québec depuis deux décennies. Environ 100 000 personnes le pratiquent activement. Les centres dédiés se multiplient à travers la province, offrant un sport accessible. C’est une option idéale pour ceux qui aiment le hockey sans forcément pratiquer sur glace. Même pour les enfants, c’est une activité d’équipe formidable et amusante.
Malgré cela, une part sombre accompagne ce sport. Des incidents d’« étranglement », de « coup de pied à la figure », de « menace » ou d’« extrême agression » se sont multipliés. Ces termes ne sont pas tirés de rapports de prison, mais de centaines de motifs de suspension. Ils proviennent des ligues récréatives de dek hockey au Québec, durant la seule dernière année. Un « nuage toxique de purin » issu du hockey sur glace semble avoir envahi ce sport.
Des incidents qui font froid dans le dos
La violence dépasse souvent les simples altercations verbales. Des drames marquants ont déjà défrayé la chronique. En avril 2023, à Lévis, un joueur a été condamné à des travaux communautaires. Il avait frappé un adversaire déjà inconscient à plusieurs reprises. L’incident a laissé une cicatrice dans la communauté.
Un autre événement grave s’est produit en juillet 2024. Un joueur a sauvagement agressé un arbitre. La victime a subi une fracture de la mâchoire et une commotion cérébrale grave. Elle a même eu besoin d’une reconstitution faciale. Plus récemment, au Lac-Saint-Jean, un joueur a été hospitalisé. Il avait reçu un coup de bâton, lui causant une commotion et une coupure importante. Ces cas médiatisés ne sont que la pointe de l’iceberg. La violence est devenue malheureusement banale dans ce sport. Il suffit de consulter les listes de suspensions des ligues pour le constater.
Le phénomène de la « quatrième dimension »
Les menaces, notamment envers les arbitres, sont courantes. Les grossières inconduites et les bagarres ne sont pas l’apanage des hommes. Plusieurs femmes sont également suspendues. C’est comme si certains joueurs perdaient le sens des réalités. Ils se transforment dès le début d’un match. Le Dr Dany Bernard, psychologue sportif expérimenté, corrobore cette observation. Il confirme que pour certains athlètes, le match est une « quatrième dimension ».
« C’est prouvé, c’est documenté », explique le Dr Bernard. Les athlètes me le disaient : ils se permettent des comportements qu’ils ne se permettraient pas dans la vie de tous les jours, « sinon, on se ferait arrêter », disaient-ils.
Un individu frustré par son quotidien peut chercher à se prouver sur le terrain. Gagner devient alors une quête essentielle pour booster son estime. Cela le déconnecte alors complètement de la réalité. Un gérant de magasin peut devenir un joueur intrépide, prêt à tout. Il n’hésite pas à donner un coup de coude ou un double échec lorsque l’arbitre ne regarde pas. Cette transformation est un cas classique de comportement sportif déviant.
Une prise de conscience collective s’impose
Faut-il blâmer les dirigeants de ligue ou les arbitres ? Certes, les ligues doivent sévir davantage contre la violence. La plupart des organisations mènent déjà de nombreuses actions de sensibilisation. La véritable responsabilité repose sur les joueurs violents. Ils doivent se « réveiller » et sortir de cette « quatrième dimension ». Ces joueurs sont minoritaires, mais ils nuisent à l’image d’un sport fantastique. Il est crucial d’agir avant qu’une blessure grave n’entraîne des conséquences irréversibles, comme la paraplégie.
L’Association de joueurs de Hockey Balle en Amérique du Nord (NBHPA) représente une grande majorité des joueurs. Après l’agression d’un arbitre la saison dernière, elle a lancé un cri d’alarme. L’association a publiquement appelé à l’introspection et à la responsabilité collective. L’agresseur a été suspendu à vie, envoyant un message fort.
« Remettons-nous en question […]. Est-ce qu’une partie de dek en vaut vraiment la peine ? Que peut-on faire collectivement pour aider à empêcher cela ? » écrivait la NBHPA à ses membres.
Le triste palmarès des suspensions
Les motifs de suspension sont nombreux et variés, témoignant de la gravité du problème. Voici quelques exemples tirés de la dernière année :
- 💥 Coups de poing, étranglement et récidive.
- 💥 Abus verbal et lancer la balle en direction d’un officiel.
- 💥 Intimidation et multiples récidives.
- 💥 Coup au visage ou darder dans le ventre.
- 💥 Mise en échec volontaire après un arrêt de jeu.
- 💥 Quitter le banc pour intervenir dans une altercation.
- 💥 Instigation, assaut et double échec.
- 💥 Saisir un joueur par la tête ou enlever son casque.
- 💥 Coup de pied et propos discriminatoires.
- 💥 Bagarre hors de la surface de jeu.
- 💥 Tentative de blessure et frapper un joueur au sol.
- 💥 Molester un arbitre ou insulter les officiels.
