Alors que les États-Unis réduisent leurs initiatives de diversité, équité et inclusion (DEI), des fondateurs de startups technologiques LGBTQ+ envisagent de déménager. Le Canada apparaît comme une destination attrayante pour ces entrepreneurs. Ils cherchent un environnement plus inclusif et stable pour leurs entreprises. Ce mouvement pourrait représenter une opportunité unique pour le marché canadien.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🇺🇸 La suppression des programmes DEI aux États-Unis pousse des entrepreneurs tech LGBTQ+ à chercher refuge.
- 💰 Des opportunités d’affaires sont compromises par le climat politique anti-LGBTQ+ et la peur de représailles.
- 🌎 Le Canada est perçu comme plus accueillant et politiquement stable. Il offre une meilleure acceptation pour ces fondateurs.
- 🌍 Cette situation crée une chance de « fuite des cerveaux inversée ». Le Canada pourrait attirer des talents tech innovants.
Le retrait du soutien à la diversité aux États-Unis
L’administration américaine actuelle cible les programmes de diversité, équité et inclusion. Le président Donald Trump a émis un décret en janvier. Il visait à effacer toute mention de DEI du gouvernement fédéral. Ces initiatives ont été qualifiées de « radicales et coûteuses ». Cela inclut les subventions ou contrats liés à l’équité.
Cette décision a accéléré une tendance déjà en cours. De grandes entreprises technologiques ont suivi le mouvement. Des géants comme Meta, Amazon, Google et Accenture ont mis fin à des programmes. Ces derniers promouvaient des pratiques d’embauche équitables. Le climat devient difficile pour les entreprises axées sur la diversité.
L’impact direct sur les fondateurs queer
Ces changements politiques ont eu des conséquences directes. Pour Mary Richardson, cofondatrice de Bindr et ColdStart, le climat américain s’est dégradé. Son entreprise ColdStart a déjà généré plus d’un million de dollars en revenus. Mais elle fait face à des obstacles inattendus.
« Des investisseurs nous rient au nez lors de conférences. Ils se détournent dès qu’ils voient un lien avec la communauté queer. »
Certains clients de ColdStart ont exigé la suppression de tout contenu lié à Bindr. Bindr est une application de rencontres 2SLGBTQIA+. Des contrats avec des entreprises queer doivent désormais inclure des clauses de résiliation. Elles prévoient le cas où ces entreprises seraient déclarées illégales par le gouvernement américain. Cela pousse Mary Richardson à envisager un déménagement de son équipe dirigeante à Vancouver.
Un autre fondateur de startup cleantech, souhaitant rester anonyme, partage cette préoccupation. Il craint des retombées liées à des délais de financement de contrats gouvernementaux. Le fondateur a aussi hésité à demander une subvention fédérale. Cette dernière demandait d’inclure la diversité de l’équipe dans la proposition. La peur d’un retrait futur des fonds est devenue trop grande.
Le Canada comme havre d’acceptation
Pour Mary Richardson, le Canada représente une alternative. Elle a trouvé une grande acceptation de son identité de fondatrice et de personne. Lors du Startupfest de Montréal en 2024, son application Bindr a remporté un prix. Elle a aussi rencontré Bradley Breton, un investisseur basé à Vancouver. Les investisseurs canadiens ne se sont pas montrés réticents à l’idée d’une startup axée sur la communauté queer.
En 2025, le prix 2SLGBTQIA+ du Startupfest a même été augmenté à 100 000 dollars. Naoufel Testaouni, PDG de l’organisme canadien QueerTech, anticipe un besoin de dissimulation. Beaucoup de fondateurs queer américains devront cacher leur identité. Le but est de protéger leur entreprise.
« En tant que fondateur, votre priorité est l’entreprise que vous bâtissez. Il est malheureux que, dans ce climat, vous deviez vous cacher pour vous protéger, vous et votre entreprise. »
Une « fuite des cerveaux inversée » bénéfique pour le Canada
La situation américaine pourrait créer une opportunité unique pour le Canada. Les cofondateurs de Misfit Ventures, Mandy Potter et Doug Lui, ont déjà été contactés par plusieurs fondateurs queer américains. Ces derniers hésitent à parler publiquement par peur de représailles. Mandy Potter, associée directrice, voit là une chance d’attirer des talents technologiques au Canada.
Son cofondateur, Doug Lui, suggère que le gouvernement canadien facilite l’obtention de visas. Cela concernerait les fondateurs 2SLGBTQIA+ désireux de s’installer au Canada. Des données américaines du Startout Index (2000-2022) montrent la performance des fondateurs queer. Ils créent 36 % plus d’emplois et génèrent 114 % plus de brevets. Ils atteignent 44 % plus de sorties en moyenne. Cela malgré des financements inférieurs.
Dax Dasilva, PDG de Lightspeed, une entreprise de commerce électronique, soutient cette idée. Il encourage des parcours clairs pour les visas. Il souhaite aussi une meilleure intégration des nouveaux venus dans la communauté d’affaires. L’accès rapide aux opportunités de financement est crucial. Le Canada doit saisir cette occasion.
Défis et vulnérabilités persistantes
Malgré son ouverture, le Canada n’est pas exempt de défis. Bradley Breton souligne la forte dépendance canadienne aux capitaux d’investissement américains. Cette dépendance rend le Canada vulnérable aux changements d’opinion aux États-Unis. Un rapport récent de CVCA Intelligence indique que les investisseurs américains participent aux deux tiers des transactions de plus de 50 millions de dollars canadiens au Canada.
L’écosystème technologique canadien a aussi eu sa propre réflexion interne en février. Plus de 350 membres ont signé une lettre ouverte. Ils appelaient l’industrie à maintenir les valeurs de diversité et d’inclusion. Cela faisait suite à la fin de certaines initiatives par des entreprises comme Shopify. Des événements comme Toronto Pride voient leurs commandites d’entreprise diminuer. Dax Dasilva insiste sur la nécessité pour l’industrie canadienne de se soutenir mutuellement. La diversité alimente la créativité et la pertinence.
Pour Mary Richardson, l’incertitude demeure. La Cour suprême américaine pourrait remettre en question le mariage homosexuel cet automne. Cela ajoute à ses craintes. La peur des politiques futures et de l’imprévisibilité de l’administration américaine est omniprésente. Elle mentionne la possibilité de devoir « retourner au placard » si elle reste aux États-Unis.
