Les producteurs de tomates canadiens sont à vif. Une décision américaine récente menace de déstabiliser le marché. L’imposition de droits de douane par les États-Unis sur les tomates mexicaines pourrait inonder nos étals. Cette situation fait craindre un effondrement des prix ici, ce qui serait désastreux pour les cultivateurs locaux.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🍅 Le conflit commercial entre les États-Unis et le Mexique concernant les tomates pourrait dérouter des volumes vers le Canada.
- 📉 Les producteurs québécois redoutent une chute des prix due au dumping mexicain. Leurs coûts sont déjà en hausse.
- 📊 L’industrie québécoise de la serre génère 191 millions de dollars. Elle emploie des centaines d’entreprises.
- 🏛️ Le gouvernement assure que des mécanismes existent. Une enquête antidumping est possible si la situation l’exige.
La menace du dumping mexicain
La mi-juillet, les Américains ont imposé une taxe de 17 %. Elle vise les importations de tomates provenant du Mexique. Ce conflit commercial entre Washington et Mexico pourrait avoir des répercussions au Canada. Si les producteurs mexicains ne peuvent plus vendre aux États-Unis, ils se tourneront vers d’autres marchés. Le Canada est une destination logique pour ces volumes excédentaires. Cela pourrait entraîner une baisse drastique des prix ici. Nos agriculteurs seraient alors directement touchés par ce dumping.
Des producteurs québécois aux abois
Le moral des producteurs de tomates québécois est bas. Ils ressentent déjà une forte pression sur leurs marges. Les coûts de production ne cessent d’augmenter. Cependant, les prix de vente stagnent ou diminuent. La perspective d’un afflux massif de tomates mexicaines les inquiète profondément. La concurrence serait alors intenable pour plusieurs entreprises.
Des témoignages poignants
Robert Thérien, propriétaire des Serres Point du Jour à L’Assomption, exprime son désarroi. Il déplore vendre ses tomates moins cher qu’il y a quatre ans. Pourtant, ses frais de production ont tous augmenté. Il se souvient des efforts pour l’autonomie alimentaire. Ces efforts avaient été loués pendant la pandémie.
«Tout a augmenté, mais je vends ma tomate moins chère aujourd’hui qu’il y a quatre ans», confie Robert Thérien, visiblement découragé. Il ajoute : «C’est sûr que j’ai peur. Je suis craintif.»
À Sainte-Clotilde, Sylvain Terrault, président de Gen V, partage ces craintes. Il est particulièrement préoccupé par l’automne. La production sous serre est plus coûteuse au Québec. Il faut chauffer et éclairer les installations. Le climat est un facteur majeur de cette différence.
«On se bat contre le froid, contrairement au Mexique, où il fait chaud tout le temps», explique Sylvain Terrault. «Si on arrive en plus avec les tarifs de Trump qui créent un déséquilibre, on n’est pas sorti de l’auberge.»
Le poids de l’industrie locale
Le Québec compte 624 entreprises spécialisées dans les fruits et légumes de serre. Elles exploitent une superficie de 151 hectares. Cela équivaut à environ 210 terrains de football. Ces entreprises génèrent des recettes de 191 millions de dollars annuellement. Ces chiffres proviennent du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). Le secteur représente une part significative de l’économie agricole québécoise.
Une perspective nuancée du marché
Guy Milette, vice-président exécutif chez le distributeur Courchesne Larose, est plus optimiste. Il estime que l’inquiétude est peut-être excessive. Selon lui, les consommateurs québécois ont déjà des préférences variées. Le choix d’un produit en épicerie dépend de plusieurs facteurs. Il évoque des consommateurs qui refusent les produits américains. D’autres voudraient boycotter, mais n’ont pas les moyens. Enfin, certains sont indifférents.
«C’est le consommateur qui a le dernier mot», insiste-t-il. Il pense que les habitudes d’achat ne changeront pas radicalement. Le marché s’adaptera, selon son analyse.
Quelles protections pour les producteurs?
Le cabinet du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a réagi. Si le dumping mexicain est avéré, les producteurs pourront agir. Ils pourront demander une enquête antidumping. Cette démarche se fera auprès du Tribunal canadien du commerce extérieur. Le gouvernement rappelle aussi l’existence de programmes de gestion des risques. Ces outils sont disponibles pour soutenir les agriculteurs.
Le programme Agri-stabilité a notamment été bonifié. Son taux de compensation passera de 80 % à 90 %. Cette hausse concernera la baisse de marge des entreprises. Elle sera effective pour l’année 2025. Ces mesures visent à offrir un filet de sécurité aux cultivateurs.
