Alors que les élections de mi-mandat de 2026 se profilent, les récentes décisions de Donald Trump concernant les tarifs douaniers sur les produits canadiens suscitent une anxiété croissante au sein de son propre parti. Ces mesures commerciales, combinées aux ripostes ciblées d’Ottawa, menacent de fragiliser l’économie américaine et d’affecter la base électorale républicaine.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 💰 Les nouveaux tarifs douaniers de Trump sur les biens canadiens, notamment 35% sur les produits non conformes à l’ACEUM, augmentent les coûts pour les consommateurs américains.
- 💪 Des sénateurs républicains clés expriment ouvertement leur inquiétude face à l’impact économique et politique de ces mesures.
- 😵 Le parti républicain se trouve dans une position délicate, tentant de défendre des tarifs impopulaires tout en promouvant des baisses d’impôts.
- 🗽 Beaucoup d’élus espèrent qu’une décision judiciaire invalidera les tarifs, évitant ainsi un affrontement politique direct avant les élections de 2026.
Des tarifs douaniers qui pèsent sur l’économie
Vendredi dernier, l’administration Trump a imposé un droit de 35 % sur les produits canadiens ne respectant pas l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Cette mesure s’ajoute aux droits élevés déjà en place sur l’acier, l’aluminium, les automobiles et le cuivre. Bien que la majeure partie du commerce bilatéral demeure conforme à l’ACEUM, les entreprises concernées subissent déjà des pressions financières.
Ces coûts additionnels sont répercutés sur les acheteurs américains, entraînant une hausse des prix. Les consommateurs peuvent s’attendre à payer plus cher pour des articles courants comme les produits d’épicerie, les vêtements, les voitures et l’équipement agricole. Cette situation, couplée à un récent rapport décevant sur l’emploi aux États-Unis, alarme les législateurs républicains.
L’inquiétude monte chez les républicains
L’impact économique de ces tarifs suscite des craintes politiques significatives parmi les Républicains. La plupart des élus hésitent toutefois à exprimer ouvertement leurs préoccupations. Le sénateur républicain du Kentucky, Rand Paul, a souligné un affaiblissement de l’économie. Il a affirmé que les détaillants lui indiquaient des hausses de prix dès l’automne.
Le sénateur du Kansas, Jerry Moran, a également mis en garde contre l’augmentation des coûts pour les entreprises et les consommateurs. Il a déclaré que « les tarifs sont une taxe sur le coût d’un produit ». Il a insisté sur les incertitudes commerciales qui freinent les décisions d’expansion et d’embauche. Il a ajouté :
« Avec autant d’enjeux mondiaux, la dernière chose dont nous avons besoin est de nous quereller avec les amis mêmes avec qui nous devrions travailler pour nous protéger contre les pratiques commerciales prédatrices et déloyales de la Chine. »
Des sénateurs tels que Rand Paul, Jerry Moran, Susan Collins du Maine et Lisa Murkowski de l’Alaska avaient déjà voté pour annuler des tarifs de 25 % au printemps. Cette résolution, approuvée de justesse par le Sénat (51 voix contre 48), avait échoué à la Chambre des représentants.
Silence stratégique et espoir judiciaire
Selon Inu Manak, experte en politique commerciale au Council on Foreign Relations, les effets de ces tarifs se feront sentir d’ici la fin de l’année. Les prix des vêtements pourraient même augmenter dès le mois prochain pour la rentrée scolaire. Les élus républicains sont conscients de ces répercussions, mais tardent à agir.
Mme Manak observe que les questions sur les tarifs sont devenues prioritaires lors des rencontres avec les électeurs. Cependant, la majorité des élus républicains à Washington ne relaient pas ces préoccupations. Selon Clark Packard, chercheur au Cato Institute, l’« ombre du trumpisme » dissuade de nombreux élus de s’opposer au président. Le parti se trouve dans une position délicate, tentant de promouvoir des réductions d’impôts massives (le « Big Beautiful Bill ») que les revenus des tarifs sont censés financer.
En privé, de nombreux Républicains expriment leur inquiétude quant à l’impact économique sur leurs États. Un analyste proche des négociations commerciales entre les États-Unis et le Canada, souhaitant rester anonyme, a rapporté :
« Ils attendent littéralement que les tribunaux fassent le travail pour eux afin de ne pas avoir à s’en occuper. »
Un recours judiciaire devant la Cour d’appel du circuit fédéral de Washington, D.C., pourrait offrir une issue. Une décision concernant la légalité des tarifs de Trump pourrait être rendue dès ce mois-ci, offrant un espoir discret à de nombreux républicains qui souhaitent que les tribunaux invalident ces mesures.
Les midterms de 2026 en ligne de mire
Sans une solution juridique, le sort des tarifs reposera sur les électeurs en 2026. Les économistes prévoient actuellement un ralentissement de la croissance plutôt qu’une récession. Cependant, si l’inflation continue d’augmenter, Inu Manak pense que les électeurs « puniront les titulaires ».
Actuellement, les Républicains détiennent une majorité au Sénat (53 sièges sur 100) et une mince majorité à la Chambre des représentants (219 sièges sur 435). Vingt-deux sièges sénatoriaux sont en jeu l’année prochaine. Les Démocrates n’ont besoin que de quatre sièges pour prendre le contrôle du Sénat. Pour la Chambre, certains experts prévoient un basculement en faveur des Démocrates. Inu Manak fait un parallèle avec les élections de mi-mandat de 2018 sous Trump, où la Chambre avait basculé en raison des ripostes ciblées, notamment de la Chine.
Pour Clark Packard, Trump pourrait encore améliorer sa position s’il parvenait à conclure des accords commerciaux. Une réduction des tarifs de base à moins de 15 % pourrait apporter une certitude à l’économie. Si l’agenda actuel et les tarifs persistent, « le président deviendra moins populaire, la politique deviendra moins populaire et les républicains subiront un revers important », a-t-il conclu.
