Alors que le Québec s’affiche comme un leader de la transition énergétique, la réalité sur le terrain révèle un écart significatif. Les minéraux critiques, essentiels pour les batteries et l’électrification, font face à des défis administratifs majeurs. La compétition mondiale, notamment avec la Chine, exige pourtant une action rapide et cohérente.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- ⛏️ La superficie explorée au Québec a diminué, passant de 31,4% en 2018 à 45,3% de territoire fermé aujourd’hui.
- 📝 Le processus d’autorisation minière est complexe, impliquant plusieurs ministères et des délais prolongés.
- 🚫 L’exploration, première étape cruciale, est entravée, menaçant la création d’une filière industrielle complète.
- 🏁 D’autres provinces, comme l’Ontario, progressent plus rapidement dans la valorisation de leurs minéraux critiques.
Des discours ambitieux, une réalité complexe
Depuis plusieurs années, le gouvernement québécois vante sa vision d’une filière batterie et de la décarbonation. Les discours officiels mettent en avant la transition énergétique et l’électrification des transports. Ces ambitions visent à positionner le Québec comme un acteur clé face à la compétition internationale. Toutefois, la concrétisation de ces objectifs sur le terrain rencontre de sérieuses embûches.
Le reportage récent d’Alain Laforest à TVA a souligné l’importance cruciale de ces minéraux. Il a également rappelé la forte concurrence avec des puissances comme la Chine. Or, en dépit des annonces, les acteurs de l’exploration minière font face à des obstacles persistants. Ils trouvent difficile de découvrir les gisements nécessaires pour alimenter ces futures filières industrielles.
La soustraction de territoire, un frein majeur
La réalité la plus frappante est la réduction constante des territoires ouverts à l’exploration. En octobre 2018, 31,4% du Québec était inaccessible pour la recherche minière. Ce chiffre a grimpé à 45,3% aujourd’hui, représentant près de 233 000 km2. C’est une superficie plus vaste que le Royaume-Uni, retirée du potentiel minéral québécois.
On proclame l’urgence de produire du lithium, des terres rares, du nickel et du cuivre… mais on interdit d’abord d’aller voir s’il y en a.
Cette approche semble paradoxale, affirmant la nécessité de ces matières premières tout en limitant l’accès à leur découverte. La fermeture de vastes zones sans analyse approfondie hypothèque le développement de la filière. Elle empêche la mise en œuvre des engagements internationaux du Québec.
Le labyrinthe administratif, un obstacle quotidien
Même lorsque le territoire est accessible, le parcours administratif décourage les initiatives. Pour des travaux d’exploration modestes, comme un forage à faible impact, les entreprises doivent souvent remplir plusieurs formulaires. Ces documents sont ensuite envoyés à différentes branches de deux ministères distincts. Chaque entité consulte les communautés séparément, ajoutant des délais considérables.
Ce type d’approche ne protège pas l’environnement, mais génère des délais, des coûts et des occasions de se contredire.
Les autorisations reçues sont souvent incompatibles en termes de conditions et de dates. Cette fragmentation crée un processus inefficace qui ralentit tout progrès. Selon l’Association de l’exploration minière du Québec, la ressource la plus rare est la volonté politique de simplifier. Alain Poirier, son directeur général, pointe du doigt cette bureaucratie excessive.
Le québec à la traîne face à ses voisins
Pendant que le Québec continue d’élaborer ses plans et ses slogans, d’autres juridictions agissent concrètement. Les gouvernements de l’Ontario, sous Doug Ford, et les initiatives de Chrystia Freeland ont progressé. Ils ont mis en place des mesures pour accélérer l’exploitation de leurs ressources critiques. Leurs efforts s’intensifient, avec des résultats visibles sur le terrain.
Au rythme actuel, l’Ontario pourrait expédier ses premiers minéraux critiques vers ses usines de batteries. Le Québec, lui, risque de se retrouver encore en pleine discussion sur les procédures administratives. Le plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques pourrait ainsi rester une simple ébauche. Il est crucial pour le gouvernement du Québec de passer de la parole à l’acte pour concrétiser ses ambitions.
