Deux ans après son succès fulgurant, le film « Oppenheimer » de Christopher Nolan continue de captiver les esprits. L’histoire fascinante du Projet Manhattan et de la création de la bombe atomique demeure une source inépuisable de discussions. Au-delà du drame cinématographique, les archives révèlent encore des pans méconnus de cette période cruciale de l’histoire.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 📚 De nouveaux documents déclassifiés éclairent l’histoire du Projet Manhattan et les pensées de ses acteurs clés.
- 🗞️ Un officier de marine, William S. Parsons, s’est opposé aux essais nucléaires, préférant une démonstration directe sur l’ennemi.
- 📝 Une note interne du National Security Archive a révélé ces correspondances inédites.
- 🌍 J. Robert Oppenheimer avait rédigé un communiqué de presse optimiste en 1945 sur la coopération internationale, mais il est resté inaperçu.
L’héritage d’Oppenheimer et la quête de vérité
Le récit de Los Alamos, Nouveau-Mexique, représente un moment historique distinctif. Il a radicalement réorganisé l’histoire humaine à l’aube de l’ère du jet. Le succès du projet, visant à développer une arme dévastatrice, a marqué le XXe siècle. Malgré l’ampleur de ces événements, les dossiers documentaires demeurent incomplets.
La publication récente de nouveaux matériaux par le National Security Archive (NSA) le confirme. Le NSA maintient un « briefing book » détaillé sur les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Ce recueil s’est enrichi de documents déclassifiés ou redécouverts au fil de 20 ans. Il nourrit les recherches universitaires sur les décisions entourant la construction et l’utilisation de la bombe.
Révélations surprenantes des archives
Les mises à jour de 2025 des documents du NSA contiennent des éléments fascinants. Parmi eux, une lettre offre un aperçu inattendu des débats internes. Ce document met en lumière des discussions cruciales sur la stratégie d’utilisation de l’arme atomique.
La perspective radicale de William S. Parsons
Une lettre datée de septembre 1944, écrite par William S. Parsons, retient l’attention. Officier de marine, Parsons dirigeait le groupe d’ordonnance à Los Alamos. Il a supervisé la conception de « Little Boy », la bombe larguée sur Hiroshima. Il fut également un observateur clé pour le commandement militaire au sein des scientifiques civils.
La lettre de Parsons, adressée au Major-Général Leslie Groves, directeur du Projet Manhattan, est étonnante. Elle fut remise par Oppenheimer lui-même, ce qui explique sa présence dans les dossiers du scientifique à la Bibliothèque du Congrès. Parsons y développe un argumentaire contre tout essai nucléaire conventionnel. Les plans pour l’essai Trinity dans le désert du Nouveau-Mexique étaient alors en cours. Le haut commandement américain envisageait même d’inviter des représentants des gouvernements de l’Axe.
Parsons soulignait de façon morbide que la démonstration la plus convaincante serait de faire détoner la bombe « un millier de pieds au-dessus de Times Square ».
Il ne voyait aucun intérêt à déclencher une explosion dans le désert, entourée de structures temporaires. Il préférait une utilisation directe sur l’ennemi, arguant que « même le cratère serait décevant ».
La vision méconnue de J. Robert Oppenheimer
Les nouveaux documents incluent également du matériel directement rédigé par Oppenheimer lui-même. Une pièce intrigante est un communiqué de presse qu’il a préparé. Ce texte offre un éclairage rare sur ses pensées au moment décisif de l’histoire.
Un communiqué de presse oublié de 1945
Un document notable est un communiqué de presse rédigé par Oppenheimer le 9 août 1945. C’était le jour même du bombardement de Nagasaki. Alors que le monde découvrait à peine les nouvelles de la première bombe (larguée le 6 août), une agence de presse avait sollicité une déclaration d’Oppenheimer.
À ce moment précis, Oppenheimer restait optimiste quant aux effets politiques des armes nucléaires. Il avait préparé quelques centaines de mots exprimant l’espoir qu’une coopération internationale pacifique s’accélérerait. Il pensait qu’elle était devenue « une nécessité désespérée ».
Oppenheimer croyait que la bombe elle-même « pourrait aider à fournir un mécanisme pour rassembler les peuples ».
Ce communiqué fut rédigé à la troisième personne du pluriel, au nom de tous les scientifiques de Los Alamos. Il a même pris soin de le faire relire par plusieurs d’entre eux. La liste des noms, manuscrite, inclut Louis Slotin, un physicien de Winnipeg. Slotin fut tragiquement tué à Los Alamos lors d’un accident de criticité au plutonium en mai 1946. Un petit journal de Washington a publié cette déclaration, mais elle n’a jamais eu de large diffusion. Les livres d’histoire l’ont presque entièrement ignorée.
