Malgré les promesses de Donald Trump d’un cessez-le-feu en Ukraine lors du récent sommet en Alaska, l’issue a été décevante. Le président russe Vladimir Poutine semble avoir, une fois de plus, déjoué son homologue américain. Cette rencontre soulève de sérieuses interrogations sur les intentions et les résultats diplomatiques.
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- • Le président Trump n’a pas réussi à obtenir de cessez-le-feu en Ukraine lors du sommet d’Alaska.
- • Vladimir Poutine a largement dominé les discussions, obtenant des avantages pour Moscou.
- • La Russie a réussi à faire redéfinir le cadre des pourparlers de paix à son bénéfice.
- • Les garanties de sécurité proposées à Kyiv sont accueillies avec un fort scepticisme, vues comme potentiellement inutiles.
Le sommet d’Alaska : des attentes contrastées
Les attentes ukrainiennes envers ce sommet étaient minimes dès le départ. Des commentateurs politiques à Odesa craignaient un simple report des sanctions. Beaucoup s’attendaient à ce que l’événement retarde des mesures économiques plus sévères contre la Russie. Cela concernait aussi ses partenaires commerciaux.
Pendant des mois, les législateurs européens et américains voulaient punir économiquement Moscou. Pourtant, le président Trump est intervenu à chaque tentative. Il a insisté sur la nécessité de pourparlers de paix, citant ses conversations avec Poutine. Ces discussions ont toutefois échoué maintes fois.
Ces échecs s’expliquent par les exigences russes jugées déraisonnables. Poutine demandait la cession de quatre provinces ukrainiennes. Il s’agissait de Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson. De plus, il exigeait que Kyiv renonce à ses alliances de sécurité internationales. L’Ukraine devait aussi se démilitariser, réduisant ses forces armées à une taille symbolique. De telles concessions garantiraient l’annexion ou la vassalisation future de l’Ukraine. Une grande partie des fortifications défensives du pays se trouvent dans ces provinces contestées.
Comment un gouvernement peut-il délibérément accepter le démembrement futur de sa nation ?
Les coulisses d’une rencontre décevante
Le discours de Donald Trump envers la Russie a brutalement changé le mois dernier. Il a accusé Poutine de propos « insignifiants » et a lancé un ultimatum. Il exigeait la signature d’un cessez-le-feu début août, sinon des conséquences. Cependant, au lieu de tarifs de 100% sur la Russie, seulement 25% ont été imposés à l’Inde. L’Inde est le second plus grand acheteur de pétrole et de gaz russes. Les autres clients ont été épargnés.
Trump a ensuite annoncé le sommet d’Alaska. Il a justifié un report des sanctions, invoquant de nouvelles discussions de paix. Des responsables américains auraient offert à la Russie l’accès aux ressources naturelles de l’Alaska. Cela incluait des terres rares, en échange d’un accord de paix. L’objectif était peut-être de sceller un grand marché. Il aurait pu apporter la paix en Europe et éloigner la Russie de la Chine.
Le jour du sommet, Poutine et sa suite ont reçu un accueil tapis rouge. Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, portait des jeans et un pull « CCCP ». Les négociations privées, prévues pour six ou sept heures, n’ont duré que trois heures. Les deux parties sont ressorties impassibles. Lors de la conférence de presse, aucune question n’a été permise. Poutine a dominé, parlant pendant huit minutes de l’histoire russe de l’Alaska. Trump n’a parlé que trois minutes.
Un revirement de position post-sommet
Le sommet n’a pas abouti à un cessez-le-feu. Pourtant, Trump a nié que cela soit nécessaire après la rencontre. Il a soutenu que la Russie et l’Ukraine devaient d’abord négocier un accord de paix complet. Il a également exhorté les autres pays à éviter de nouvelles sanctions pendant ces pourparlers. Ce fut une victoire majeure pour Moscou. Le Kremlin insiste depuis longtemps pour que tout cessez-le-feu intervienne à la fin du processus de paix, non au début.
Cette approche permettrait aux forces russes de renforcer leur position de négociation. Ainsi, Trump a non seulement épargné l’économie russe de sanctions plus sévères. Il a aussi recadré le processus de paix pour mieux servir les intérêts de Moscou. Ceci serait désastreux pour l’Ukraine. Le pays a passé onze ans à établir une « ceinture de forteresses » dans le centre de Donetsk. Cette zone est cruciale pour la défense du pays.
Céder ce territoire exposerait le centre de l’Ukraine. Kyiv devrait reconstruire rapidement ses fortifications dans des provinces moins adaptées à la défense. Les avantages de geler les lignes de front à Zaporijia et Kherson seraient marginaux. La Russie n’y a pas d’élan significatif. Les conséquences de la proposition russe, même légèrement modifiée, resteraient catastrophiques. L’Ukraine n’a aucune raison de céder son bouclier défensif sans contrepartie valable.
Les garanties de sécurité : un piège potentiel ?
Les garanties de sécurité pour l’Ukraine sont un point crucial. En 2022, lors des pourparlers d’Istanbul, Moscou avait proposé des garanties. Cependant, la Russie voulait être l’un des garants. Elle voulait aussi un système où tout garant pouvait opposer son veto à une intervention militaire. Ces garanties auraient donc été inutiles, une véritable imposture.
Ces garanties de sécurité auraient été inutiles – une arnaque, en réalité – car Moscou aurait eu le contrôle de leur application.
Le manque de cohérence dans les messages de Washington suscite un scepticisme important. Des allégations suggèrent que la Russie souhaite inclure la Chine, son alliée proche, dans ces garanties de sécurité. Les promesses peuvent être trompeuses et pleines de lacunes. Les Ukrainiens en ont une expérience douloureuse. En 1994, ils ont renoncé à leur arsenal nucléaire en échange de garanties américaines et russes qui se sont avérées sans valeur.
Avec la prochaine visite du président Zelenskyy à la Maison Blanche, la question se pose. Les États-Unis adopteront-ils une politique d’apaisement ? Et si oui, attendront-ils de l’Ukraine qu’elle fasse de même ?
