Au Québec, la quête des bonnes affaires en ligne tourne souvent au casse-tête. Une récente enquête de l’application MOSC révèle une pratique troublante. De grands détaillants comme Best Buy, Decathlon et Simons affichent des « promotions temporaires » qui durent des mois. Cette stratégie induit les consommateurs en erreur sur la véritable valeur des produits.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🛒 Le fondateur de l’application MOSC, Mathieu Guffens, a mis en lumière des rabais permanents chez Best Buy, Decathlon et Simons, malgré leur appellation temporaire.
- 🗓️ Des articles affichent des prix réduits pendant des dizaines de jours, parfois avec un prix de référence trompeur, suscitant une fausse urgence.
- ⚖️ Le Canada manque de régulations claires sur la durée maximale des promotions, créant un vide juridique.
- 📊 La tarification dynamique en ligne rend les prix très volatils, influencés par des algorithmes complexes, rendant l’achat moins transparent pour les consommateurs.
Des rabais qui s’éternisent: la dénonciation de MOSC
L’application MOSC, fondée par Mathieu Guffens, a épinglé plusieurs géants du commerce. Après avoir surveillé 1500 détaillants en Europe, l’algorithme s’est tourné vers le Canada. Depuis fin mai, six enseignes canadiennes sont sous observation. Parmi elles, Best Buy, Decathlon et Simons se distinguent. Leurs « promotions temporaires » semblent s’étirer indéfiniment. Mathieu Guffens dénonce cette pratique comme étant « délibérée ».
« C’est délibéré », affirme Mathieu Guffens, fondateur de MOSC, à propos des promotions qui durent des mois, induisant le client en erreur. Ce constat met en lumière une stratégie commerciale contestable.
Les consommateurs québécois peuvent désormais suivre l’historique des prix via MOSC. Cela permet de constater que certains rabais qualifiés de « temporaires » sont en réalité permanents. Une trottinette en promotion depuis juin ou des chaussures « soldées » depuis mai en sont des exemples frappants. Ces pratiques soulèvent des questions sur la transparence des prix en ligne.
Les preuves accablantes chez best buy, decathlon et simons
Les observations de MOSC révèlent des durées de rabais étonnantes. Chez Simons, une robe ceinturée affichait un prix barré de 150 $. Elle est vendue à 99,95 $ depuis le 25 mai, soit 80 jours de « promotion ». Decathlon propose des chaussures de course Jogflow 500.1 à 30 $, au lieu de 42 $. Ce prix réduit est en vigueur depuis le 31 mai, soit 73 jours. Leur prix de référence était de 60 $.
Enfin, chez Best Buy, la trottinette électrique Flash 6.0 2025 est affichée à 269,97 $. Son prix de référence barré était d’environ 800 $. Cette offre dure depuis le 22 juin, soit 52 jours. Ces exemples créent une fausse impression d’urgence chez l’acheteur. Seul Decathlon Canada a partiellement confirmé ces observations. La porte-parole, Marie-Lou Blais, a précisé que les chaussures Jogflow 500.1 ont été vendues au prix régulier de 60 $ entre septembre 2021 et août 2024.
Le vide réglementaire et la fausse impression d’urgence
Le Canada ne dispose pas de durée maximale légale pour les promotions. Cette absence crée un vide réglementaire. Mathieu Guffens suggère qu’un rabais ne devrait pas dépasser 30 jours. La loi fédérale exige qu’un prix de référence soit maintenu sur une « période raisonnable ». Il doit également concerner une « quantité importante » de ventes, soit plus de 50% du temps ou des ventes.
« On sait rarement si on fait une bonne affaire en ligne », confie Mathieu Guffens. Il souligne la difficulté pour le consommateur de juger la valeur réelle d’un produit sans historique de prix clair.
Le Bureau de la concurrence précise que les entreprises doivent conserver les registres nécessaires. Cela leur permet de prouver le respect des critères. Guffens estime que la situation des chaussures Decathlon, à prix réduit depuis plus d’un an, pourrait contrevenir à ces exigences. Il qualifie cette pratique de « possiblement trompeuse ». Le Bureau de la concurrence est l’organisme habilité à examiner ces cas.
L’ère de la tarification dynamique et de l’opacité
L’achat en ligne est devenu un acte spéculatif au Québec. Les prix peuvent changer très rapidement, parfois six fois par heure. Mathieu Guffens a comparé cette volatilité à celle des cryptomonnaies en février dernier. Son étude a montré qu’un panier de biens de consommation a augmenté de 14% en deux mois. Pendant ce temps, un portefeuille de bitcoins perdait 24% sur la même période.
Cette tarification dynamique est basée sur des algorithmes complexes. Ils analysent nos habitudes, notre localisation, voire le niveau de batterie du téléphone. En 2018, Amazon modifiait déjà ses prix 2,5 millions de fois par jour, selon Business Insider. Le prix des articles évolue désormais aussi vite que les dernières devises numériques. L’opacité de ces mécanismes dérange les consommateurs. Erin Witte, de la Consumer Federation of America, qualifie ce processus de « boîte noire confuse ».
