Au large des côtes de Sept-Îles, une histoire de transmission hors du commun se tisse depuis plus de 120 ans. L’île Manowin, joyau de la Côte-Nord, est le théâtre d’un héritage familial unique, légué avec passion de génération en génération. Ce lien indéfectible illustre un attachement profond à la terre et aux racines.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🌳 L’île Manowin, au large de Sept-Îles, appartient à la même famille depuis 1904, soit plus de 120 ans.
- 👨👩👧👦 Le patriarche Horace Desmeules l’a acquise pour 100 piastres, puis l’a léguée à sa fille Adela avec la promesse de ne jamais la vendre.
- 📜 L’actuel gardien, Gilles Blouin, a compilé les fascinantes histoires de l’île dans un livre de 180 pages, incluant la visite d’un baron de Rothschild et un naufrage.
- 🤝 La famille Blouin a mis en place des mesures pour garantir que l’île reste dans la famille pour les générations futures, soulignant un respect profond de la nature et de l’héritage.
Un héritage d’attachement depuis plus d’un siècle
L’île Manowin n’est pas une simple propriété. Elle est le cœur d’une lignée familiale, une promesse renouvelée à chaque génération. En 1904, Horace Desmeules, capitaine de goélette, l’acquiert pour une somme modique de 100 piastres, payables en trois versements. À son décès, il confie l’île à sa fille Adela. Il lui fait alors une promesse solennelle : ne jamais s’en départir.
Cette promesse guide aujourd’hui Gilles Blouin, arrière-grand-père et actuel propriétaire, avec son épouse Nicole. Pour lui, l’île est plus qu’un lieu. « J’ai pratiquement été élevé sur cette île. Quand tu as été élevé ici, tu restes avec ça dans le cœur. Tu espères transmettre cet attachement », confie-t-il avec émotion. Ses enfants et petits-enfants partagent ce sentiment, leurs étés étant invariablement liés à Manowin.
« J’ai pratiquement été élevé sur cette île. Quand tu as été élevé ici, tu restes avec ça dans le cœur. Tu espères transmettre cet attachement. »
Manowin : entre histoire et nature sauvage
L’île Manowin fait partie des sept grandes îles baignant au large de la baie de Sept-Îles. Le fleuve Saint-Laurent y atteint une largeur de plus de 100 kilomètres. Par beau temps, une trentaine de minutes de bateau suffisent pour la rejoindre depuis la marina. D’une superficie de 2,1 hectares, elle abrite une nature préservée, riche en biodiversité.
Des récits d’un autre temps
Au-delà de son paysage, Manowin est imprégnée d’histoires. Gilles Blouin a d’ailleurs compilé ces récits dans un livre de 180 pages. Parmi ces anecdotes, on trouve la visite imprévue du baron de Rothschild dans les années 1960. Actionnaire de la Banque d’Angleterre, il fut contraint d’interrompre son voyage vers Churchill Falls au Labrador. Le mauvais temps le força à passer une nuit sur l’île.
Une autre histoire marquante est le naufrage du Corossol en 1693. Ce navire hollandais sous pavillon français causa la mort de 50 à 100 passagers. Des canons et des boulets du bateau ont été retrouvés à proximité et sur l’île. Ces épisodes rappellent la force des éléments qui entourent Manowin, rendant l’île presque inaccessible l’hiver.
« Ici, on est 140 km d’Anticosti et la côte sud se trouve 108 km… Alors quand il fait une bonne tempête, attache ta tuque! Car, quand il vente ici, il vente. »
Une nature à respecter et à braver
Le respect de l’environnement est une valeur fondamentale transmise par Gilles Blouin. Il a inculqué à ses enfants l’importance de protéger la faune locale. Les goélands et les moyacs nichent sur l’île. « On peut regarder, mais de loin, pour ne pas les déranger », insiste M. Blouin. Il ajoute : « La nature, il faut la respecter. Ça surprend; mais de toute ma vie, je n’ai jamais coupé un seul arbre sur l’île. » La rudesse du climat, avec ses tempêtes violentes, renforce cette relation d’humilité face à la nature.
Assurer la pérennité d’un rêve
Malgré les défis posés par son isolement et la force des éléments, Gilles Blouin est confiant quant à l’avenir de Manowin. Il espère que ses enfants ne céderont jamais à la tentation de vendre l’île. Pour garantir cet héritage, des dispositions claires ont été prises. Si un membre de la famille souhaite vendre sa part, il ne pourra le faire qu’à un autre membre de la famille. De plus, le prix devra être abordable pour les autres. Cette clause vise à empêcher qu’une portion de l’île ne sorte du giron familial, assurant ainsi sa pérennité.
Pour Gilles Blouin, observer les baleines, les oiseaux et leurs petits venir au monde sur l’île est une source de joie immense. Cette connexion profonde à Manowin est le moteur de son désir de transmission. Il aspire à ce que les générations futures continuent de chérir et de protéger ce trésor familial au large de Sept-Îles.
