Radio-Canada a vendu une part importante de sa célèbre tour montréalaise et de ses terrains sans savoir qu’elle traitait avec une riche famille saoudienne. Cette révélation, qui a émergé récemment, met en lumière le manque de transparence et les défis liés à la divulgation des bénéficiaires ultimes dans les grandes transactions immobilières canadiennes.
⚡ Pas assez de temps ? Un résumé vite fait !
- 🚨 Radio-Canada a vendu des terrains importants sans connaître l’identité complète des acheteurs.
- 💰 Une riche famille saoudienne, les Alshowaier, était un partenaire clé depuis 2017.
- 📅 Leur nom n’est apparu publiquement au registre des entreprises qu’en 2024.
- 🚫 Le Canada n’a pas de réglementation fédérale sur la vente de biens étatiques à des intérêts étrangers.
Une vente majeure sous le radar
En juillet 2017, la vente des terrains de Radio-Canada au Groupe Mach, dirigé par le promoteur Vincent Chiara, a fait grand bruit. Cette transaction de 42 millions de dollars ne marquait pas seulement le déménagement de la société d’État. Elle annonçait aussi la naissance d’un tout nouveau quartier montréalais, baptisé le Quartier des lumières.
Malgré l’attention médiatique autour de ce projet de plus de 2500 logements, le nom de l’un des investisseurs clés est resté dans l’ombre. La famille saoudienne Alshowaier, via l’entreprise Sarees Investissements, était pourtant un partenaire de la première heure dans cette acquisition stratégique.
Radio-Canada dans l’ignorance totale
La société d’État elle-même n’était pas au courant de l’implication de la famille Alshowaier. Radio-Canada ignorait que le principal dirigeant, Zaki Alshowaier, figurait parmi les acheteurs de son vaste terrain. Ce n’est qu’après avoir été informé par un bureau d’enquête en juillet que l’information a été révélée à l’interne.
«Selon nos dossiers, nous n’avions pas d’information à l’effet que M. Alshowaier faisait partie des acheteurs ou des bénéficiaires ultimes au moment de la transaction en 2017 ni par la suite», a déclaré Leon Mar, directeur des relations avec les médias de Radio-Canada.
En revanche, le Groupe Mach a confirmé l’engagement des Alshowaier dès le début du projet. Selon Sylvie Rousseau, porte-parole du Groupe Mach, «Sarees Investissements est un partenaire de la première heure dans l’ensemble du projet». La famille a participé à toutes les étapes depuis 2017 et continue de le faire. De plus, les Alshowaier ont acquis d’autres actifs immobiliers importants au Québec en partenariat avec Mach depuis une décennie.
Une divulgation tardive au registre
Pendant plus de six ans, aucune mention de cette famille saoudienne n’apparaissait dans les documents publics. L’entreprise qui a acheté les terrains de Radio-Canada, Faubourg de la Gauchetière inc., ne montrait pas leur présence. Ce n’est qu’en 2024 que le nom d’Abdulaziz Alshowaier a été ajouté au Registre des entreprises du Québec.
Selon le registre, Abdulaziz Alshowaier possède entre 25 et 50 % des droits de vote de l’entreprise depuis sa création en février 2017. Cet homme, père de Zaki Alshowaier, a fondé l’entreprise familiale il y a plus de 50 ans. Interrogée sur cette absence prolongée d’information publique, la porte-parole de Mach a indiqué que des «entités apparentées» pouvaient avoir été utilisées pour des raisons stratégiques et administratives.
Un cadre réglementaire inexistant
La vente de biens immobiliers appartenant à l’État canadien à des entités étrangères n’est pas encadrée par des lois fédérales. Il n’existe pas de «dispositions spécifiques concernant la vente de biens immobiliers à des entreprises, particuliers ou intérêts étrangers». C’est ce qu’a précisé Services publics et Approvisionnement Canada. Cette situation souligne l’absence d’un cadre législatif clair pour ce type de transactions. La vente de la tour de Radio-Canada en est un exemple frappant.
